L’euro chutait vendredi à un plus bas en treize mois face au dollar, entraîné par l’effondrement de la livre turque après des déclarations successives des dirigeants américains et turcs ayant mis le feu aux poudres.
Vers 19H00 GMT (21H00 HEC), la monnaie unique européenne s’échangeait à 1,1401 dollar, contre 1,1527 dollar jeudi vers 21H00 GMT. Vers 17H30 GMT, l’euro est tombé jusqu’à 1,1388 dollar, son plus bas niveau depuis juillet 2017.
La devise européenne baissait face au yen à 126,13 yens contre 128,05 yens jeudi soir.
Le dollar était en baisse face au yen à 110,63 yens, contre 111,08 yens la veille.
La livre turque vivait une journée noire vendredi, creusant ses plus bas historiques face au dollar. Vers 19H00 GMT, la monnaie turque valait 6,47 livres pour un dollar, en baisse de 16%, après être tombée à 6,8703 livres pour un dollar, soit une baisse de presque 24% par rapport à jeudi.
La devise turque a particulièrement plongé après que le président Recep Tayyip Erdogan a appelé ses concitoyens à échanger leurs devises étrangères pour lutter contre la « guerre économique », alors que les marchés attendaient des mesures fortes pour soutenir la monnaie nationale.
Le président américain Donald Trump a ensuite enfoncé le clou après avoir autorisé le « doublement » des taxes douanières sur l’acier et l’aluminium turcs en raison de la chute de la devise locale depuis plusieurs semaines.
Ces déclarations interviennent dans un climat déjà tendu entre les deux pays alors que le pasteur américain Andrew Brunson est détenu en Turquie pour des liens présumés avec des groupes « terroristes ».
La livre turque a entraîné l’euro dans sa chute, alors que la Banque centrale européenne « s’inquiète de l’exposition de certaines banques à la Turquie », ont noté les analystes de Wells Fargo, les institutions financières européennes étant très présentes dans le pays.
« +Contagion+ est maintenant le maître mot, alors que les marchés, entravés par la faible liquidité estivale, se demandent quelle sera la prochaine étape », a jugé Chris Beauchamp, analyste pour IG.
Des Allemandes Deutsche Bank et Commerzbank aux Italiennes UniCredit et Intesa Sanpaolo, en passant par l’Espagnole Santander, les actions de grandes banques européennes ont terminé dans le rouge vendredi.
Mais selon Derek Halpenny, analyste pour MUFG, les éléments attestant d’une contagion de la crise turque aux banques européennes restent « très limités ».
Outre les tensions turco-américaines, les marchés s’inquiètent des orientations de la politique économique du président Erdogan, la banque centrale turque rechignant à relever ses taux pour contrer une inflation qui a pourtant atteint près de 16% en juillet en rythme annuel.
En l’espace de trois mois, la monnaie turque a perdu près de la moitié de sa valeur face au dollar.
Côté indicateurs, l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis a avancé au niveau des estimations et l’inflation s’est maintenue à 2,9% sur un an, au plus haut depuis 2012, soutenant la politique de hausses de taux de la banque centrale américaine et l’attractivité du dollar par effet d’entraînement.
Vers 19H00 GMT, l’once d’or valait 1.211,58 dollars contre 1.212,45 dollars jeudi à 21H00 GMT.
La monnaie chinoise a terminé à 6,8467 yuans pour un dollar contre 6,8210 yuans la veille.
Le bitcoin valait 6.391,66 dollars, contre 6.507,67 dollars jeudi soir, selon des chiffres compilés par Bloomberg.
Source: Agences