Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a annoncé jeudi des travaux publics censés régler la crise à Bassora récemment secouée par des manifestations meurtrières, deux jours avant un vote au Parlement qui pourrait voir ses rivaux former le futur cabinet sans lui.
Le chef de gouvernement sortant s’exprimait après un Conseil des ministres exceptionnellement tenu jeudi et non mardi, en raison de son déplacement dans la ville pétrolière du Sud où 12 manifestants sont morts, tandis que de nombreuses institutions étaient incendiées.
Depuis début juillet, Bassora est l’épicentre d’un mouvement contre la corruption, endémique en Irak, le chômage et la déliquescence des services publics.
Cette contestation a repris de plus belle la semaine passée, attisée par une crise sanitaire sans précédent à Bassora, où la pollution de l’eau a provoqué l’hospitalisation de dizaines de milliers d’habitants.
Détaillant des projets de pompage, d’acheminement et de filtrage d’eau –pour lesquels aucun budget ni calendrier n’a été annoncé–, M. Abadi a assuré qu’une équipe de conseillers allaient « garantir la réalisation immédiate » de ces projets.
Cette question du suivi est particulièrement brûlante dans le pays, le 12e le plus corrompu au monde selon Transparency International. Selon le Parlement, en quinze ans, 194 milliards d’euros d’argent public sont partis en fumée via des sociétés écrans, soit plus que le Produit intérieur brut (PIB).
Au lendemain d’une rencontre entre ses rivaux aux législatives de mai qui réclament sa démission, M. Abadi a affirmé n’avoir « jamais tenu à conserver (son) poste ».
Mercredi, le dignitaire Moqtada Sadr avait reçu à Najaf (sud), Hadi al-Ameri, à la tête de la liste d’al-Fateh formée d’anciens combattants anti-US et anti-takfiristes.
Samedi dernier, leurs deux listes, arrivées en tête s’étaient dites « sur la même longueur d’onde » pour former au plus vite un gouvernement sans le sortant.
Les deux hommes n’ont cependant pas fait d’annonce à l’issue de leur réunion, alors que le Parlement doit élire samedi son président. Les résultats de ce vote indiqueront quel bloc est numériquement à même de former le futur cabinet.
Dans ce qui semble être un appel du pied au Hachd al-Chaabi, formé en 2014 pour repousser Daesh, M. Abadi a affirmé que le gouvernement avait décidé jeudi « une revalorisation du salaire de ses combattants qui bénéficieront désormais des mêmes conditions que le reste des forces armées ».
« Le consulat US, derrière les troubles à Bassora »
Par ailleurs, la coalition d’al-Fath (issue des Hachd al-Chaabi, NDLR) a dénoncé les agissements du consulat US à Bassora qui « menacent la sécurité et la souveraineté irakiennes ».
« La quatrième législature irakienne sera marquée par des lois visant à expulser les troupes américaines d’Irak », a déclaré le représentant de la coalition d’al-Fath auprès du Parlement, Entesar Hassan al-Moussaoui.
« Le consulat des États-Unis à Bassora représente un danger pour la sécurité et la souveraineté du pays. Nous travaillerons donc sérieusement pour expulser les troupes américaines d’Irak», a-t-il fait savoir.
Le consulat US, a-t-il souligné, et certaines ONG financées depuis l’extérieur sont impliqués dans les violences qui se sont produit récemment à Bassora.
« Au cours de la quatrième édition du Parlement, les députés franchiront des pas décisifs et expulseront les troupes américaines. Ils ratifieront un projet de loi afin de limiter le nombre du personnel de l’ambassade et du consulat américains dans le pays », a-t-il poursuivi.
Et de conclure : « Le maintien du consulat américain à Bassora représente un danger pour cette province car ce consulat est directement impliqué dans l’incendie des bureaux des Unités de mobilisation populaire, Hachd al-Chaabi ».
Avec AFP + PressTV