Les cours du pétrole ont lourdement chuté mardi, lestés par la perspective de voir l’Arabie saoudite augmenter rapidement sa production, les craintes sur la croissance mondiale et l’anticipation d’une nouvelle hausse des stocks de brut américain.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a perdu 3,39 dollars ou 4,2% pour finir à 76,44 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE).
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » (WTI) pour la même échéance, dont c’est le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, a aussi cédé 4,2% ou 2,93 dollars pour clôturer à 66,43 dollars.
« Ce repli significatif a été précipité par des commentaires du ministre saoudien de l’Energie Khaled al-Faleh qui a assuré que son pays était prêt à accroître sa production de un à deux millions de barils, ce qui permettrait de compenser les pertes liées aux sanctions américaines contre l’Iran », a indiqué Andy Lipow de Lipow Oil Associates.
Ces sanctions, qui visent théoriquement tout pays important du brut iranien, doivent entrer en vigueur en novembre et les acteurs du marché redoutent depuis plusieurs mois qu’elles ne conduisent à un déficit de l’offre sur le marché mondial. Une perspective qui avait fait grimper les prix à leur plus haut niveau en quatre ans début octobre.
Même si Khaled al-Faleh, qui s’exprimait lors d’un forum international sur l’investissement à Ryad, n’a pas précisé de date, « les courtiers ont interprété ces propos comme la possibilité d’une augmentation de la production saoudienne à court ou moyen terme », a estimé M. Lipow.
Le responsable saoudien avait déjà la veille tenté de rassurer les marchés en affirmant que Ryad était déjà en train d’ouvrir plus largement ses vannes.
Le marché était aussi plombé mardi par l’aversion généralisée des investisseurs pour les actifs jugés plus risqués, illustrée par le net repli des indices de Wall Street en début de séance.
« Cela ravive les inquiétudes sur un éventuel ralentissement de la croissance, et donc de la demande en énergie, après l’abaissement début octobre par le Fonds monétaire international de ses perspectives de croissance pour 2018 et 2019, a relevé M. Lipow.
« La croissance de la demande s’est affaiblie dernièrement chez plusieurs importateurs clefs comme l’Inde ou la Corée du Sud », ont aussi souligné les analystes de Morgan Stanley.
Les investisseurs anticipaient par ailleurs l’annonce d’une nouvelle hausse des réserves de brut aux Etats-Unis dans le rapport hebdomadaire de l’Agence américaine d’information sur l’Energie (EIA) attendu mercredi, après déjà un bond de plus de 22 millions de barils au cours des quatre semaines précédentes.
Pour la semaine achevée le 19 octobre, les analystes tablent sur une augmentation des stocks de brut de 3,35 millions de barils, sur une baisse des stocks d’essence de 1,52 million de barils et de 2 millions de barils d’autres produits distillés (fioul de chauffage et gazole), selon la médiane d’un consensus compilé par l’agence Bloomberg.
Source: AFP