La décision allemande de suspendre la formation de militaires saoudiens, en réaction à l’assassinat du journaliste saoudien dissident Jamal Khashoggi, concerne seulement les élements de la garde nationale qui sont entrainés par la Police fédérale. Les autres militaires saoudiens formés par d’autres institutions sécuritaires allemandes ne sont pas concernés par la décision d’interdiction allemande prononcée après que Riyad a reconnu que le journaliste dissident est bel et bienn mort dans son consulta à Istanbul.
À l’académie militaire de Hambourg, sept élèves officiers des forces armées saoudiennes suivent actuellement une formation, a-t-on appris de l’agence de presse officielle allemande DPA, citant le ministère allemand de la Défense, rapporte Press Tv, le site en ligne de la télévision iranienne. Ils sont en train de poursuivre des cours de langue, indispensable à la formation des officiers prévue pour 2019.
Le mois d’octobre derniers, Berlin avait déclaré la suspension du programme de la formation des forces de la Garde nationale saoudienne. « Le communiqué du ministère allemand de l’Intérieur exclut tout entraînement militaire des forces saoudiennes sous la supervision de la police fédérale », a annoncé la radio allemande Deutschlandfunk.« Après s’être coordonnée avec l’État fédéral, la police fédérale a décidé de suspendre le programme de formation des forces saoudiennes dans la situation actuelle », selon le communiqué.
« La formation se poursuivra, sous réserve d’autres décisions politiques, comme prévu », a en revanche rectifié un porte-parole du ministère de la Défense, selon DPA.
En outre, sept autres élèves officiers saoudiens seront admis l’année prochaine à l’académie militaire de Hambourg. La décision finale ne sera prise que début 2019.
Selon Press TV, la formation des militaires saoudiens avait été décidée lors de la visite en décembre 2016 de la ministre allemande de la Défense, Ursula Von der Leyen à la capitale saoudienne. Elle avait alors rencontré son homologue saoudien de l’époque Mohammed ben Salmane qui est l’actuel prince héritier du royaume. Celui-ci est en personne soupçonné par la Turquie d’avoir commandité l’assassinat de Khashoggi qui critiquait ouvertement et régulièrement les derives de son pouvoir, sur les pages du quotidien américain Washington Post.
Mme Von der Leyen s’était alors mis d’accord avec son homologue soaudien sur la formation des militaires saoudiens à l’académie militaire de Hambourg. Un accord a été signé le 30 avril 2017 dans le port saoudien de Djeddah par l’ambassadeur d’Allemagne Dieter Haller et un représentant du ministère saoudien de la Défense.
Au départ, il y avait trois à quatre candidats officiers par an. Maintenant, il y en a sept.
En Allemagne la coopération militaire avec l’Arabie saoudite est un sujet controversé depuis le lancement de la guerre contre le Yémen, en 2015 par une coalition de neuf pays, sous le commandement saoudien. Équipée en armes des occidentaux, l’Arabie saoudite frappe les zones résidentielles de son voisin du sud. Plus de 15.000 Yéménites, dont pour la plupart des femmes et des enfants, ont été tués jusqu’à présent dans les raids aériens saoudiens.
Se surcroit, cette guerre a conduit à une catastrophe humanitaire dans le pays, qualifiée d’ailleurs de pire catastrophe au monde par les Nations Unies. Au moins, 22 millions de personnes (les trois quarts de la population) dépendent des aides humanitaires et 7 millions vivent dans des conditions précaires.