Vladimir Poutine a mis en garde l’Ukraine mardi contre tout acte « irréfléchi » après la décision de Kiev d’instaurer la loi martiale en réponse à l’arraisonnement de trois navires ukrainiens par les gardes-côtes russes et demandé à Angela Merkel de faire pression sur l’allié des Occidentaux.
La Russie, qui assure avoir agi « en stricte conformité avec le droit international », accuse pour sa part les navires ukrainiens — deux vedettes et un remorqueur — d’être entrés illégalement dans les eaux territoriales russes au large de la Crimée et dénonce une « provocation » de Kiev.
La diplomatie russe, qui a convoqué lundi le chargé d’affaires ukrainien à Moscou, a accusé Kiev de « créer un prétexte pour renforcer les sanctions » occidentales contre la Russie, déjà en place depuis 2014.
‘Sérieuse préoccupation’
Pour sa part, le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu au téléphone dans la nuit de lundi à mardi avec la chancelière allemande Angela Merkel, en lui faisant part d’une « sérieuse préoccupation » de Moscou en raison de l’introduction de la loi martiale en Ukraine.
Poutine a dénoncé devant la chancelière des « actions de provocation de la partie ukrainienne et une violation grossière des normes du droit international par ses navires militaires » et a « dit espérer que Berlin pourra influencer les autorités ukrainiennes afin de les dissuader des actes ultérieurs irréfléchis », selon un communiqué du Kremlin.
La loi martiale, qui entrera en vigueur mercredi matin en Ukraine dans une dizaine de régions frontalières, notamment de la Russie, du Bélarus et du côté de la mer d’Azov, va permettre pendant un mois aux autorités ukrainiennes de mobiliser ses citoyens, de réguler les médias et de limiter des rassemblements publics.
L’incident entre des gardes-côtes russes, qui dépendent des services de sécurité (FSB), et les navires ukrainiens est survenu en mer Noire dimanche soir lorsque ces navires tentaient de pénétrer le détroit de Kertch.
Les eaux violées par l’Ukraine étaient russes avant le rattachement de la Crimée (FSB)
Entre-temps, le Service fédéral russe de sécurité (FSB) a tenu à souligner que les bâtiments de guerre ukrainiens avaient violé dimanche matin l’espace maritime russe qui appartenait à la Russie avant même la réunification avec la Crimée.
Lors de l’incident dans le détroit de Kertch, les navires militaires ukrainiens ont violé la zone économique exclusive de la Russie, indique le communiqué sur le site du Service fédéral russe de sécurité:
«Les bâtiments de guerre ukrainiens sont entrés dans les eaux territoriales sur l’ordre direct des autorités de Kiev. Les navires militaires ukrainiens ont effectué une intrusion dans l’espace maritime russe qui appartenait à la Russie avant la réunification de la Crimée avec la Russie.»
Violation de la frontière par des navires ukrainiens
Trois navires de la Marine ukrainienne ont violé le matin du 25 novembre la frontière russe de la côte de la mer Noire, près du détroit de Kertch. Selon le département du FSB pour la Crimée, ils effectuaient des manœuvres dangereuses et refusaient d’exécuter les ordres des gardes-côtes.
Vers 19h00 heure de Moscou (17h00 heure de Paris), les vaisseaux ont entrepris une nouvelle tentative d’effectuer des actions illégales dans les eaux territoriales russes. Les gardes-côtes russes ont alors eu recours aux armes pour les arrêter, a fait savoir le Service fédéral russe de sécurité (FSB). Trois militaires ukrainiens ont été blessés, puis ont reçu des soins médicaux, leurs jours ne sont pas en danger.
La Russie a qualifié l’incident de «provocation» et a ouvert une affaire pénale à la suite de la violation de sa frontière d’État. À la demande de Moscou, le Conseil de sécurité de l’Onu s’est réuni ce lundi à 17h, heure de Paris.
Commentant la situation, le porte-parole du Kremlin a rappelé que la partie russe avait agi en pleine conformité avec le droit international.
Avec AFP + Sputnik