Durant des semaines que le régime saoudien garde un silence de mort sur la crise que traverse le Soudan. Qui est pourtant son partenaire dans la guerre qu’il mène contre le Yémen. Il l’a finalement rompu le jeudi 10 décembre, via son ambassade au Caire, après la publication d’une position attribuée à son ambassadeur dans la capitale égyptienne et son représentant au sein de la Ligue arabe, Oussam Naqli.
Selon l’agence palestinienne Sawa, Naqli aurait dit en commentant les manifestations qui font rage dans ce pays que « Riad ne s’intéresse pas à qui gouvernera le pays mais s’intéresse surtout à la dignité du peuple soudanais, à la réalisation de ses aspirations et à la stabilité du Soudan ».
Il aurait aussi sommé les autorités soudanaises de « s’abstenir de recourir à la force exagérée contre les manifestants, de respecter les aspirations du peuple et de garantir sa liberté d’opinion et d’expression ».
Or, sur son compte Twitter, l’ambassade du royaume wahhabite nie en bloc ces propos.
« L’ambassadeur Naqli n’a donné aucune déclaration aux médias concernant les récents évènements en République du Soudan », a-t-il écrit.
« C’est une déclaration fabriquée de toute pièce et qui n’a rien à voir avec la réalité, ni en gros ni en détails », ajoute le tweet de l’ambassade.
Dans les médias soudanais, les dégâts sont déjà faits. Outre les critiques aux propos attribués à Naqli, puis démentis par l’ambassade, c’est aussi l’absence de position de la part de Riyad qui est considérée comme une position à part entière.
Le journal soudanais proche du pouvoir al-Soudan al-Youm perçoit une abstention à soutenir le pouvoir soudanais qui est d’après lui « le signe du manque de fidélité» de Riyad.
Khartoum « a consenti des sacrifices au côté de Riyad, beaucoup plus que ce que les Saoudiens s’attendaient », écrit-il.
Et de rappeler entre autre que son pays « a coupé ses liens avec Téhéran, s’est positionné derrière Riyad, et a mené d’une façon non justifiable l’assaut contre l’Iran, usant de propos qui n’ont rien à voir avec la réalité et allant même jusqu’à engouffrer ses soldats par milliers dans la guerre contre le Yémen, au service de l’Arabie saoudite ».
Al-Soudan al-Youm évoque surtout ce qui explique les raisons de l’éclatement des manifestations dans ce pays : « Bachir s’attendait au moins de sa part (à Riyad, ndlr) à un soutien politique, à ce qu’elle soutienne son pouvoir, surtout qu’elle s’est abstenue de résoudre le problème économique ».
En effet, le Soudan ploie sous le poids d’une crise économique aiguë qui a fait passer l’inflation à 70% et fait perdre à sa monnaie 30% de sa valeur.
Source: Divers