Plusieurs organisations mozambicaines de la société civile ont demandé au Credit suisse que le Mozambique n’ait pas à débourser « un centime » pour rembourser les prêts frauduleux contractés auprès de la banque dans le cadre du scandale de la « dette cachée » qui a plongé le pays dans une grave crise.
« La crise de la dette mozambicaine est le résultat direct de la collusion illégale entre le Credit suisse, des entrepreneurs et des responsables du gouvernement mozambicain, qui ont consciemment et intentionnellement agi pour nuire à une société et une économie mozambicaine déjà affaiblie », ont estimé plusieurs ONG dans une lettre adressée à la banque suisse obtenue par l’AFP.
Parmi ces organisations figurent la Fondation pour le développement communautaire de Graça Machel, l’épouse mozambicaine de l’ex-président sud-africain Nelson Mandela.
Le Mozambique est plongé depuis 2016 dans une grave crise provoquée par la découverte d’une dette de 2 milliards de dollars que son gouvernement avait cachée. Ses bailleurs de fonds l’ont sanctionné en gelant leur aide budgétaire.
Plusieurs personnes ont récemment été inculpées aux Etats-Unis pour leur implication dans ce scandale, notamment l’ancien ministre mozambicain des Finances, Manuel Chang, actuellement détenu en Afrique du Sud, et trois ex-banquiers du Credit suisse.
« A l’exception d’un communiqué de presse sur l’arrestation de ses anciens employés, le Credit suisse n’a pas donné d’explication satisfaisante sur son implication dans la crise de la dette illégale », ont estimé les ONG mozambicaines dans leur lettre datée du 25 janvier. Ces organisations et « la population mozambicaine rejettent avec véhémence la position de la banque selon laquelle la crise est seulement due au comportement de banquiers véreux (…). Le Credit suisse devrait être tenu responsable ».
Elles ont demandé « au Credit suisse de déclarer publiquement que le peuple mozambicain ne devrait pas payer un seul centime de ces dettes et que l’argent devrait être récupéré auprès des sociétés et des individus qui ont bénéficié de ce chaos ».
« Des millions de Mozambicains ont été poussés dans une plus grande pauvreté, des gens meurent faute de médicaments dans les hôpitaux, des millions d’élèves n’ont pas accès aux livres et à une éducation de qualité en raison d’actions corrompues, illégales et malhonnêtes de la part de certains de vos employés », ont écrit les ONG.
Selon l’acte d’accusation de la justice américaine, les anciens collaborateurs du Credit Suisse « auraient entravé les contrôles internes de la banque, agi à des fins de profit personnel et cherché à cacher ces activités à la banque », avait expliqué début janvier le Credit suisse, précisant ne pas être visé par la procédure judiciaire.
Source: AFP