Interrogé par une radio locale, l’analyste libanais Nasser Kandil a déploré sincèrement la remise par la Russie de la dépouille d’un soldat israélien tué en 1982 et enterré en Syrie.
« Lorsque j’ai demandé à mes amis russes pour quelle raison le président Poutine a entrepris une telle démarche, d’autant qu’elle s’est faite à l’insu des autorités syriennes, ils m’ont répondu que cela redore l’image de la Russie de paraitre attachée à la restitution de la dépouille d’un soldat tombé sur le champ de bataille. Et je leur ai alors répondu que cela aurait mieux servi à l’image de la Russie si elle avait contribué à la libération de détenus palestiniens emprisonnés dans les geôles israéliennes », a-t-il raconté.
Cette histoire d’image ne tenant pas debout, une inconnue demeure à l’heure de l’écriture de cet article: quelle est la contrepartie que la Russie a touchée en échange de la remise de cette dépouille, sans oublier la cérémonie qu’elle a organisée avec. Damas a assuré ne pas avoir été mis au courant de cette transaction passée sur son sol, une affaire qui touche ses principes de très près. Jamais elle n’aurait admis une opération pareille sans échange.
D’autant que les conséquences attendues du geste ne trompent personne. Les observateurs au Liban sont persuadés que c’est un cadeau au Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu, pour les législatives qui se tiennent ce mardi 9 avril, face à ses adversaires. Durant ses dernières années, les raids israéliens sur le sol syrien se compte en centaines. Le soutien que Netanyahu a procuré aux groupes terroristes en Syrie n’est pas non plus un secret, ceux-là mêmes que les Russes ont bombardés depuis leurs avions. Les Russes semblent aussi oublier l’affaire de leur avion Iliouchine abattu par une manoeuvre israélienne et les 15 militaires abattus avec.
Plus est-il , la démarche russe montre que Moscou se permet certaines libertés en Syrie, pour avoir contribué à la libérer des groupes terroristes. Bafouant la souveraineté syrienne. Ce qu’elle ne faisait pas auparavant.
« Mais cela ne veut pas dire que Moscou a lâché Damas », a tempéré M. Kandil. Tout en qualifiant la démarche russe de grosse erreur.
Au sein de l’Axe de la résistance, le malaise est apparent. Cette erreur contribue sans aucun doute à ébranler la confiance à l’encontre de la Russie, rapporte le journal libanais Al-Joumhouriyyat. Faisant preuve de pragmatisme, les caciques de cet axe n’ont jamais perçu Moscou comme l’un de ses piliers et évoquaient souvent un croisement d’intérêts. A plusieurs reprises, les médias ont constaté que les responsables russes, selon le poste qu’ils occupent, véhiculent une rhétorique conciliante avec qui ils ont affaire. Et parfois contradictoire.
Mais l’affaire de la dépouille du soldat israélien donné à Netanyahu sur le compte de Damas aura surement un impact sur l’évaluation des positions russes dorénavant et les amènera à plus de prudence. Sans que l’alliance ne soit brisée, une brèche s’y est plantée.
Source: Divers