Deux évènements régionaux majeurs sont venus mettre la puce aux oreilles des stratèges israéliens : les Etats-Unis font des signes d’impuissance au Moyen-Orient. Pour en tirer la leçon : Israël devra compter sur lui-même.
Le plus dramatique de ces évènements pour les israéliens est sans aucun doute la frappe aux drones réalisée par le mouvement yéménite Ansarullah contre les installations pétrolières saoudiennes, à laquelle la riposte américaine n’est jamais intervenue.
Dans les milieux militaires israéliens, comme l’illustre DEBKAfile, le site proche de leur renseignement, l’attaque contre Aramco constitue un choc insurmontable. Il écrit :
» L’armée israélienne fait maintenant face à sa mission la plus difficile. Comment surmonter l’échec qu’a été le fait qu’aucun radar américain ou israélien, balayant l’Iran, qu’il soit terrestre, maritime, aérien ou par satellite, n’ait pas donné l’alerte pour se préparer à l’attaque au drone et au missile contre des installations pétrolières saoudiennes, même après qu’ils se soient trouvés sur leur trajectoire aérienne? Personne dans la région n’a rien remarqué jusqu’à ce que les missiles et les drones yéménites aient réellement explosé sur leurs cibles saoudiennes, les frappant avec une précision exceptionnelle. Il faut présumer qu’avec toutes les précautions exposées par le chef d’état-major, ni Israël ni les États-Unis n’ont résolu l’énigme de la manière dont les pro-Iraniens ont réussi à déboussoler tous les systèmes de défense régionaux et locaux les plus avancés ».
Le deuxième évènement a eu lieu le lundi 7 octobre lorsque l’administration américaine a décidé de retirer ses forces de certaines zones syriennes limitrophes avec la Turquie pour laisser à cette dernière le libre champ à sa zone de sécurité si ardemment revendiquée.
« Je compatie avec les Kurdes et prie pour eux, alors qu’ils font l’objet d’une invasion impitoyable turque. Mais dans tout ceci il y a une leçon à tirer. Il faut qu’Israël se défende soi-même. Nous ne devrons jamais confier notre sort aux autres, y compris à notre grand ami, les États-Unis », a tweeté Naftalie Bennett, chef de file de la droite dite nouvelle qui n’écarte plus désormais le remake de ce scénario pour Israël.
« Israël devra s’appuyer sur soi-même », a-t-il conclu. Suggérant la non-fiabilité de l’ami américain.
Illustrant aussi cette préoccupation latente, le chef d’état-major israélien Aviv Koutchavi affirmait le lundi 7 octobre: « Nous ne laisserons pas le mal atteindre Israël et si c’est le cas, nous réagirons avec puissance.»
Le journal israélien Israel hume désigne sans détours où le bât blesse le plus pour l’entité sioniste.
« Les propos du chef d’état-major, le général Kouchavi rassurent de moins en moins. Au sol Israël est guetté au tournant et dans le ciel, notre supériorité militaire est remise en cause. Reste à savoir si cette stratégie de guerre préventive que prônent certains milieux, alors que les États-Unis tendent à quitter la région, saura nous éviter la catastrophe. Après le lâchage des Kurdes, et le départ des Américains d’al-Udeid ( Qatar) qui dit que Washington nous appuiera dans notre guerre contre l’Iran », se demande le journal.
Au gré de ses déclarations parfois belliqueuses, faisant croire qu’il est sur le point de déclarer la guerre, le président Donald Trump n’a aucun mal à se rétracter, pour donner des signes qu’il refuse de s’impliquer militairement au Moyen Orient. Ceci a été le cas, entre autre, lors de la récente crise du Golfe, laquelle s’est couronnée lorsque l’Iran a abattu un drone américain ayant violé son espace aérien.
Sur son compte twitter, il a défendu sa décision sur la Syrie.
« J’ai été élu pour sortir de ces guerres sans fin ridicules, où notre grande armée fonctionne dans des opérations de maintien de l’ordre au profit de personnes qui n’aiment même pas les États-Unis. Les deux pays les plus mécontents de ce déménagement sont la Russie et la Chine, car ils adorent nous voir enlisés dans un bourbier en dépensant beaucoup d’argent pour le faire. Lorsque j’ai pris mes fonctions, nos forces armées étaient totalement épuisées. Maintenant, elles sont plus fortes que jamais. Les guerres sans fin et ridicules SE TERMINENT! Nous allons nous concentrer sur la grande image, sachant que nous pouvons toujours revenir en arrière! », a-t-il écrit.
Il faut savoir aussi que le président américain est en campagne pour la présidentielle 2020.
Sources: Press TV, Twitter