Avant le raid américain meurtrier qui a coûté la vie au général Qassem Soleimani, au chef du Hachd al-Chaabi Abou Mahdi al-Mohandess et à 8 de leurs compagnons, Adel Abdel Mahdi a été contraint à la démission, sous la pression de manifestations qui avaient tourné à la violence.
Quiconque connait les coulisses de la vie politique irakienne, soupçonnait des velléités américaines de se débarrasser de cet homme d’état dont les décisions, depuis son investiture, n’ont nullement observé les réserves de Washington.
Rejetant son diktat, il a refusé de rejoindre les sanctions américaines contre l’Iran. Il s’est obstiné à ouvrir le passage frontalier Qaëm-AlBoukamal avec la Syrie. Et puis il a commis l’irréparable : en menant une ouverture économique avec la Chine.
Mais à aucun moment, Adel Abdel Mahdi n’a expliqué les réelles raisons de sa démission.
Il l’aurait fait lors de la récente séance au sein du parlement irakien. Ses dires ont été rapportés sur les réseaux sociaux. Ils n’ont pas été démentis et semblent compatibles avec le ton arrogant de l’administration américaine et sa politique dévastatrice depuis son invasion en 2003. Voire même avant.
« Ce sont les américains qui ont détruit le pays et y ont sévi. Ils refusent de compléter l’édification du complexe électrique et des projets d’infrastructure. Ils ont voulu me marchander la reconstruction de l’Irak en réclamant que je leur accorde 50% des rentrées des importations du pétrole irakien. Alors j’ai refusé et je suis parti en Chine où j’ai conclu un important accord stratégique », aurait-il confié à des proches.
Et de poursuivre: « Lorsque je suis rentré de Chine, Trump m’a appelé et m’a demandé d’annuler l’accord. Lorsque j’ai refusé, il m’a menacé de manifestations contre moi. Effectivement, ces manifestations ont éclaté et par la suite Trump m’a menacé de plus d’escalade en cas de non coopération de ma part. À ce moment, un troisième acteur s’est mis à ouvrir le feu sur les manifestants et les forces de l’ordre depuis les toits de immeubles et du bâtiment de l’ambassade des USA ».
Toujours selon ces informations, Abdel Mahdi aurait aussi indiqué avoir fait l’objet de menaces d’élimination, lui et le ministre de la Défense, s’ils en venaient à parler d’un troisième acteur qui ouvre le feu sur les manifestants.
En revanche, Adel Abdel Mahdi a assumé haut et fort la demande de retrait des forces étrangères de son pays. Au sein de l’enceinte législative, il l’a réclamé ouvertement dans son discours. La motion a finalement été votée en faveur de sa requête.
Et dernièrement, il n’a pas laissé passer inaperçue l’affaire de la lettre américaine sur le retrait américain d’Irak, qui a été annoncé le lundi après avoir été postée sur la Toile. Avant que le chef d’état-major américain ne prétende qu’il s’agissait d’un projet envoyé par erreur, la qualifiant de brouillon.
Ainsi, Adel Abdel Mahdi assure avoir bel et bien reçu un document sur le retrait des troupes américaines d’Irak. Toutefois, les deux versions de la lettre, en arabe et en anglais, diffèrent. Pour cette raison, il a demandé ce mardi 7 janvier des éclaircissements, informe Reuters.
«Ce n’est pas une feuille qui est tombée de la photocopieuse […]. Maintenant, ils disent que c’était un brouillon […], mais ils auraient pu envoyer une autre lettre de clarification», a commenté le Premier ministre, lors du conseil des ministres retransmis à la télévision d’État ce mardi.
Durant cette réunion, il a réitéré son attachement au vote sur le retrait des forces étrangères. « Nous avons vécu entre 2011 et 2014 sans forces étrangères », a-t-il persisté. Estimant que la mission des forces étrangères est en train de prendre une nouvelle dimension avec l’éradication de Daech. Tout en avertissant: « Nous avançons dans des directions qui nous poussent vers une voie conflictuelle ».
Source: Divers