La bataille de Saraqeb commence à révéler ses secrets.
Ayant été libérée une première fois par l’armée syrienne, au début de février, cette ville du sud de la province d’Idleb a été reprise par les groupes terroristes à la fin de ce mois. Et pui, début mars elle a été reconquise en moins de 24 heures, par l’armée syrienne et ses alliés.
Le journal libanais al-Akhbar l’inscrit dans le cadre de la bataille destinée à libérer la province d’Idleb, lancée par l’armée syrienne depuis le début de l’an.
C’est le président syrien Bachar al-Assad qui en a parlé avec une délégation de dirigeants des conseillers iraniens. Exprimant sa ferme intention de conquérir deux autoroutes internationales : Alep-Damas (M5), et Alep-Lattaquié (M4).
Il se trouve que Saraqeb se trouve à leur croisée.
Or, rapporte al-Akhbar, des rencontres entre Turcs, Iraniens et Russes ont été organisées en vue d’éviter toute friction.
Lors de l’une d’entre elles, russo-turque, les négociateurs russes ont assuré que les limites de la bataille se limiteront à l’ouverture des deux autoroutes M4 et M5. S’en suivra un cessez-le-feu. Ankara n’a affiché aucun refus ce jour-là. Elle s’est contentée de discuter avec les Russes des techniques de la gestion de ces routes et de la circulation de patrouilles conjointes.
Le journal libanais rend compte aussi d’une rencontre qui a eu lieu depuis deux semaines, entre le nouveau chef de la force al-Quds du Corps des gardiens de la révolution islamique en Iran, Ismaïl Qani et le chef du renseignement turc Haqane Fidane.
Le responsable iranien y aurait imputé à la Turquie la responsabilité de l’escalade des violences de ces derniers jours, l’accusant d’avoir enfreint aux accords conclus précédemment.
Il lui a aussi fait part que les Syriens poursuivront la bataille avec le soutien de l’Iran jusqu’à l’ouverture de ces deux routes. Réclamant « un nouvel accord ».
Le quotidien libanais évoque une énième rencontre qui a également eu lieu, plus tard, entre le chef des renseignements turcs et son homologue syrien Ali Mamlouk. Ce dernier lui aurait exposé, carte à l’appui, la géographie que l’armée syrienne comptait conquérir dans la province d’Idleb, en fonction de laquelle il ne resterait à la Turquie qu’une bande frontalière de 8 km de profondeur.
Elle devrait s’étaler depuis la localité d’Atamah au nord (au confins avec les villages de Afrine, occupés par la Turquie), en passant par celle de Harem Fsalqine, et jusqu’à Darakouch Zarzour située à 14 km de la localité de Jisr al-Chogour.
Mais cette carte a été catégoriquement rejetée par la Turquie et retirée des tractations qui se sont alors concentrées sur la prise des deux autoroutes.
Dès lors, tout c’est bien passé lors de la prise des deux villes de Maaret al-Noomane et de Saraqeb, permettant de contrôler l’autoroute Alep-Damas.
A l’inverse, c’est lorsque l’armée syrienne a poursuivi son élan avec facilité, en prenant les régions du sud-ouest de la province d’Alep, sécurisant Alep, que les Turcs ont commencé à envoyer des messages négatifs aux Russes et aux Syriens. Politiques et sur le terrain.
Ils se sont mis à dépêcher des renforts militaires auprès des groupes terroristes et ont tracé une nouvelle ligne de démarcation en y déployant leurs forces. Cette ligne commence par Dar Azzat et s’arrête à Taftanaz et à l’entourage de Saraqeb dans la province d’Idleb.
Selon al-Akhbar, Erdogan n’a pu admettre que l’armée syrienne puisse contrôler toute cette surface qui s’élève à 2.000 km2 en si peu de temps, relativement.
raison pour laquelle il a investi ses troupes aux côtés de la coalition de milice jihadistes takfiristes proches d’Al-Qaïda, Hayat Tahrir al-Cham du Hezb Turkestani. En ces moments, les forces gouvernementales syriennes et leur alliés se préparaient pour conquérir l’autoroute Alep-Lattaquié, et lancer ultérieurement la bataille destinée à contrôler la province sud d’Idleb, pour parvenir jusqu’à Sahl al-Ghab, située dans le nord-ouest de la province de Hama, au sud de l’autoroute M4.
Quelques jours plus tard est survenue la frappe syrienne contre le village de Baïloune, dans la province sud d’Idleb à l’issue de laquelle Ankara a annoncé avoir perdu 33 de ses soldats. C’est à ce moment-là qu’Ankara a décidé de récupérer la ville de Saraqeb.
De leur côté, les Russes tentaient de préserver les acquis de Damas sans couper les ponts et les contacts avec Ankara. Tandis que les Iraniens et le Hezbollah assuraient que la route sera ouverte coûte que coûte, et avec leur soutien si nécessaire.
Durant les jours qui ont suivi, ces dix derniers , il y a eu les deux frappes décisives : la première, turque, a coûté la vie a des dizaines dans les rangs de l’armée syrienne et de ses alliés. S’en est suivie la contre-attaque de ces derniers, ou la seconde bataille de Saraqeb, celle du lundi 2 mars, qui a permis sa libération une fois pour toute, en moins de 24 heures.
D’après le journal libanais, la M5 est relativement hors de danger. Et c’est la M4 qui se trouve actuellement dans le collimateur. Raison pour laquelle les Turcs ont proposé l’idée des patrouilles conjointes entre une partie des deux autoroutes ( Jisr al-Chohour-Saraqeb et Maaret al-Noomane-Saraqeb).
La réponse semble dépendre de la rencontre entre Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine, prévue le jeudi 5 mars, où de nouvelles cartes seraient tracées.
« Mais le terrain syrien a montré, tout au long des années de guerre, surtout dans les régions nord, que toutes les cartes ont une durée limite », a conclu l’auteur de l’article.