La France a réitéré son appel au gouvernement libanais à engager « rapidement » des réformes pour répondre à la crise économique et sociale qui secoue le pays et s’est dite prête à « l’accompagner » en ce sens.
Lors d’un entretien mardi 28 avril avec le Premier ministre libanais Hassan Diab, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a « rappelé que, sur la base du travail engagé par les autorités libanaises, des mesures concrètes et crédibles devaient être prises rapidement, pour répondre aux attentes de la population libanaise et restaurer la confiance dans l’économie du Liban ».
« Il a souligné que la France se tient prête, sur cette base, à accompagner le Liban et le gouvernement libanais dans les réformes économiques, politiques et sociales en réponse à la crise que connaît le pays, dans l’intérêt de tous les Libanais », selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères diffusé dans la nuit de mardi à mercredi, rapporte l’AFP.
Entretien entre Bruno le Maire et son homologue libanais
Au même moment, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est entretenu pour la première fois avec son homologue, le ministre des Finances Ghazi Wazni, a-t-on appris auprès de son ministère.
Le plan de réformes envisagé par le gouvernement libanais va « dans la bonne direction », a estimé Bruno Le Maire qui « a encouragé son adoption rapide pour aider le pays à sortir de la crise », selon la même source.
Il convient de noter que les mesures de lutte contre la corruption font l’objet de vives critiques de la part du Courant du Futur (Saad Hariri) et de Walid Joumblatt, qui y voient un moyen de “déraciner le Haririsme” et d’être instrumentalisé contre eux. Ils ont ainsi accusé le gouvernement de vouloir changer la nature du “système économique libre” et de refuser de réformer le secteur de production d’électricité publique.
Face à une crise économique inédite depuis la fin de la guerre civile (1975-1990) et malgré les restrictions imposées face au nouveau coronavirus, la mobilisation populaire — déclenchée initialement à l’automne dernier– a repris contre le pouvoir accusé de corruption et d’incompétence.
De nouveaux heurts ont opposé les manifestants à l’armée mardi soir à Tripoli, la capitale du Nord du Liban. Plusieurs banques ont été vandalisées à travers le pays.
Le Premier ministre Hassan Diab, nommé en janvier, a déclaré le Liban en cessation de paiement en mars, une première dans l’histoire du pays.
Le nouveau gouvernement, qui a hérité une accumulation d’erreurs datant de plusieurs années, est sur le point d’annoncer un plan de sauvetage économique devant déboucher sur un début de restructuration de la dette et une éventuelle aide externe.
Le plan évoque des besoins de financement de plus de 80 milliards de dollars, dont 10 à 15 milliards d’aides étrangères sur cinq ans.
En décembre dernier, le groupe international de soutien au Liban (GIS), réuni sous la houlette de la France – il réunit plusieurs pays européens et arabes – avait conditionné toute aide financière à la formation d’un gouvernement « efficace et crédible » capable de mettre en oeuvre des réformes « urgentes », maintes fois renvoyées par les gouvernements précédents.
Le pays croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit 170% du PIB. Près de la moitié (45%) de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté, la crise économique ayant été aggravée par la pandémie de Covid-19 et les mesures préventives qui ont mis le pays à l’arrêt.
Le 21 avril, les députés ont voté une loi contre la corruption dans le secteur public, un fléau au Liban et l’un des éléments déclencheurs du soulèvement populaire inédit qui secoue le pays depuis octobre, mais qui a ultérieurement été exploité par plusieurs politiciens corrompus.
Source: Divers