Avant même l’entrée en vigueur de la loi César (Ceasar Act), censée sanctionner encore plus la Syrie, deux grands acteurs internationaux ont décidé de la refuser : La Russie et la Chine.
Sans compter le rejet iranien, réitéré pour la énième fois ce jeudi 18 juin, par la voix du vice-président Isaak Jahangir qui a, lors d’un appel téléphonique avec le nouveau Premier ministre syrien Hussein Arnous, a affirmé que son pays « n’hésitera pas à prendre les mesures nécessaires pour alléger les pressions imposées à la Syrie ».
Les positions russe et chinoise ont été exprimées lors de la séance du Conseil de sécurité réunie via la visioconférence la veille de l’entrée de la loi en vigueur, le 16 juin.
Pour Vassili Nebenzia, le représentant de la Russie à l’Onu, Washington « voudrait à travers ces mesures renverser les autorités légitimes de ce pays ».
Il mettait en doute la rhétorique qui accompagne cette loi, et qui est véhiculée aussi bien par les responsables américains et relayées par les médias occidentaux.
Durant son allocution, l’ambassadrice américaine, Kelly Craft avait avancé que le but de cette loi est « que le régime syrien cesse ses attaques honteuses contre son peuple et de traduire leurs auteurs en justice ».
Même suspicion de la part du représentant de la Chine à l’Onu. « Au moment où des Etats faibles, comme la Syrie, luttent contre la pandémie du coronavirus, le fait d’imposer davantage de sanctions est tout simplement un acte inhumain, qui pourrait causer davantage de catastrophes », a dit Tchang Jon.
Le refrain du « peuple syrien »: retour au piège
Depuis la publication de la loi César, elle est curieusement enveloppée dans un discours qui se veut « humanitariste », se focalisant autour de la notion de la défense et de la vengeance au peuple syrien. Le terme « peuple syrien » est répété d’une manière si frénétique par les responsables américains concernés par ce dossier qu’il ne peut que soulever des doutes. A défaut de prendre au sérieux cette préoccupation américaine pour les intérêts du peuple syrien.
Cette effort discursif est perceptible dans le choix du nom de la loi, César, du pseudonyme d’un certain photographe militaire syrien, que personne ne connait, qui aurait fait défection après avoir soi-disant pris 52 mille photos de 11 mille prisonniers présumés, soi-disant séquestrés, torturés et exécutés dans les prisons syriennes !!
Force est de constater que les médias occidentaux ne manquent aucune occasion de rappeler ce détail dans la plupart des produits médiatiques qui évoquent la loi César.
Même constat lors de la déclaration de presse de Mike Pompeo, le secrétaire d’Etat américain, donnée le jour de l’entrée en vigueur de cette loi, le jeudi 17 juin. Lorsqu’il n’a pas manqué de parler de ce soi-disant César.
En plus, le refrain sur le peuple syrien y est répété.
On peut y lire aussi des phrases telles que la loi se veut empêcher Assad « de se livrer à des atrocités de masse contre le peuple syrien ».
Ou encore : « nous ne nous arrêterons pas tant qu’Assad et son régime n’auront pas mis fin à leur guerre brutale et inutile contre le peuple syrien ».
« D’autres ont aidé et financé les atrocités du régime d’Assad contre le peuple syrien tout en s’enrichissant, ainsi que leurs familles », insiste-t-il en expliquant les sanctions contre des hommes d’affaires.
Après avoir arbitrairement attribué au président syrien les millions de tués, de blessés et de déplacés de cette guerre, ainsi que la destruction « des maisons, des écoles, des magasins et des marchés publics », il évoque « leur guerre destructrice (qui) a exacerbé la crise humanitaire, empêché une assistance vitale d’atteindre les personnes qui en ont besoin, et provoqué la misère du peuple syrien ».
Bien que ce discours de Pompeo qui s’apitoie du sort du peuple syrien ne peut convaincre personne, d’autant qu’il ne l’a pas mandaté de parler en son nom, il ne peut que soulever des interrogations sur ses visées. Les réelles.
Il s’adresse sans doute à ce peuple , celui qui vit toujours sous la coupe du pouvoir syrien, pour lui faire croire que les sanctions ne le visent pas. Serait- ce pour le pousser à se rebeller. Serait-il enclin à tomber dans le piège, encore une fois?
Une chose est sure: il sert surtout à occulter les réelles convoitises américaines, les mêmes qui ont été derrière toute la guerre contre la Syrie depuis 2011. Dès les premiers jours, ce plan s’est pris comme vitrine la réalisation des revendications du peuple syrien et a usé de tous les moyens pour des pans de la population se rebellent. Alors que ses véritables objectifs n’étaient autre que de renverser le pouvoir syrien afin de sortir ce pays de l’axe de la résistance et de le rallier à celui du projet américano israélien.
Dans son dernier discours, le chef du Hezbollah sayyed Hassan Nasrallah a bien rappelé le but réel de la guerre en Syrie. Tout en assurant que les amis de ce pays ne la laisseront pas tomber dans cette guerre économique comme ils ne l’avaient pas fait dans la guerre militaire et sécuritaire.
Il est vrai que les Iraniens se sont déjà mis à la tâche, en acheminant leurs assistances alimentaires et pétrolières, bien avant l’entrée en application de la loi.
De même pour les Russes qui ont assuré que « ces sanctions n’affecteront pas la collaboration entre Damas et Moscou dans les domaines militaires et de lutte contre le terrorisme », selon leur ministère des affaires étrangères. Ils ont livré des MIG à l’armée syrienne, également avant la date du 17 juin.
Quant aux Chinois qui ont déjà mis au point les plans destinés à la reconstruction de ce pays, ils ne cessent de rappeler au gouvernement libanais qu’ils sont disposés à réaliser des projets d’infrastructure, dont certains sont intiment liés à leurs projets syriens. Ils l’ont fait récemment avant que le chef du Hezbollah ne prône de nouveau cette orientation du Liban vers l’Est, comme issue de secours de sa crise économique. Et pour se libérer surtout du joug de l’hégémonie américaine!! C’est d’ailleurs cet objectif que se partagent tous ces pays, Russie, Chine, Iran, Liban et tant d’autres.
La Loi César a scellé leur sort et les a unit autour de la Syrie . Il faut croire que c’est le premier clou dans son cercueil .
Source: Divers