Il y a trois ans, en un tel jour, soit le 21 juin 2017, le fils du roi d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane devenait prince héritier d’Arabie saoudite, avec une mission bien précise. Laquelle?
Le journal libanais Al-Akhbar revient sur « trois ans de règne de MBS », trois ans largement suffisants pour lézarder l’édifice du royaume: « En trois ans, le prince a réussi à vampiriser le royaume au profit des USA et d’Israël et sa ‘perspective 2030’ ressemble désormais à un corps déjà inerte qu’on aurait pendu ».
« Dans le domaine économique, le Fonds d’investissement public s’est révélé incapable de répondre aux attentes et aux espoirs qu’il a suscités.
En 2020, l’actif du Fonds devait se situer entre 600 et 700 milliards de dollars pour atteindre la perspective de 2 billions de dollars d’ici 2030 ; mais les projets d’investissement n’ont pas avancé comme prévu, et le Fonds compte désormais entre 300 et 400 milliards de dollars.
Le second coup porté au Fond d’investissement public a été la cessation de l’offre d’Aramco et la chute des cours du pétrole, en partie provoqué par Riyad des Salmane.
Et dire que ces pertes cumulées qui tendent à faire disparaître la classe moyenne en Arabie saoudite n’a pas empêché Riyad d’afficher une frénésie dans l’achat d’actifs, comme si elle voulait remplir autant que possible les caisses des Etats occidentaux alliés tout comme ces contrats d’armements que Ben Salmane continue à signer ».
« Dans le domaine des réformes sociétales, le bilan de MBS est encore plus catastrophique: Mohammed ben Salmane disait vouloir changer le tissu de la société saoudienne, qui consiste à procurer aux Saoudiens de ‘l’aisance en échange de leur obéissance’. Il parlait du ‘nationalisme et du travail pour la patrie’.
Où en est-il désormais de cette réforme? MBS a répandu un ‘chauvinisme anti-musulman’ qui prêche la haine contre les Musulmans, Iraniens, Pakistanais, Palestiniens, Qatariens, Yéménites, Libanais …tout en louant les ennemis des nations musulmanes.
Ce chauvinisme se nourrit des guerres à l’étranger. Dans le même temps, le ‘néolibéralisme saoudien’ s’est retourné contre les Saoudiens qu’il a appauvris et divisés et ceci sur fond d’un éternel conflit du pouvoir.
La société n’a jamais été autant divisée autant désunie entre un Ouest proche du Soudan, un Est, de confession chiite, un Sud proche du Yémen. «MBS ne contrôle plus que Riyad et Djeddah et encore, on se demande comment tant il a peur de l’armée saoudienne, de la cour et de tout ce qu’il est censé diriger…»
« Bien que le prince héritier ait pu limiter ses ennemis et rivaux en arrêtant ses opposants dans l’incident de l’hôtel Ritz-Carlton, puis en emprisonnant son oncle Ahmed ben Abdulaziz, et son cousin Mohammed Ben Nayef, deux figures emblématiques de l’Arabie saoudite, toutefois, il est toujours inquiet. Un front coordonné contre lui à l’intérieur du pays lui fait peur. D’autant plus que Ahmed ben Abdulaziz a de l’influence au sein du ‘Comité d’allégeance’ et que Mohammed ben Nayef a son propre personnel au ministère de l’Intérieur », ajoute Al-Akhbar.
Mais pire que tout ceci, serait l’aventure au Yémen: ce méga piège tendu par les USA et ‘Israël’ à l’Arabie des Salmane, eux qui cherchaient à la fois la richesse yéménite, ses ports et sa place stratégique en mer Rouge.
Six ans après le début du conflit, MBS s’y noie sous les yeux indifférents de ses mentors.
Incapable de changer le cours des événements, MBS a participé sans le vouloir, à la formation de l’un des pôles les plus importants de la Résistance: Ansarullah; et il en est à chercher désespérément une issue. Cette guerre a fait perdre la profondeur stratégique du royaume balisant le terrain à son démembrement.
Sur le terrain, les forces de l’armée et des Comités populaires (Ansarullah) ont franchi les portes de l’est du Yémen et sont sur le point d’entrer dans la ville de Ma’rib, abritant les plus importants puits de pétrole du Yémen.
Dans le sud, des éléments pro-Hadi et du Conseil de transition du Sud (soutenu par les Émirats arabes unis) s’affrontent depuis l’été dernier, et l’accord de Riyad (novembre 2019) et tous les autres efforts saoudiens n’ont plus aucun sens sur le terrain.
« Alors Ben Salmane, le prince des défaites? Une chose est sûre, Riyad n’a jamais été autant soumis qu’aujourd’hui au diktat de Washington ».
Source: Avec PressTV