Nouvelle évolution dans l’affaire des S-400 russes livrés à la Turquie qui risque d’empoisonner davantage les relations de ce pays avec les Etats-Unis : un sénateur américain a fait la proposition que son pays rachète ces systèmes de défense antiaérienne, mais le parti turc au pouvoir l’a refusée.
Selon l’agence russe Sputnik, la proposition a été présentée par le sénateur John Thune, parmi les 500 amendements formulés pour le budget 2020-2021 de la Défense des États-Unis.
Les États-Unis pourraient racheter les S-400 russes, système de défense antiaérienne, livrés à la Turquie si l’amendement en question est voté, indique Defense News.
L’amendement prévoit également que la Turquie n’achète ou se procure autrement des matériels militaires jugés incompatibles avec ceux de l’Otan par les États-Unis.
C’est le porte-parole du Parti turc de la justice et du développement, Omer Celik, qui a exprimé le rejet de son pays à cette proposition. Il qualifié son pays d’«acheteur final» et a mis en valeur l’impossibilité d’une telle revente du point de vue juridique.
M. Celik a rappelé que la Turquie avait initialement souhaité acheter des systèmes de missiles Patriot. Comme Washington n’a pas répondu, Ankara a décidé d’acheter des armements russes.
IL a tracé un parallèle avec la participation turque au programme de développement des avions de combat américains.
«Quand un pays achète des avions de combat F-16, il ne les revend pas. Il n’y a pas non plus de fondement juridique pour la revente des S-400».
En 2017, la Turquie est devenue le premier pays membre de l’Otan à signer un contrat portant sur la livraison de systèmes russes S-400. Ils lui ont été livrés en 2019. Et les deux pays discutent actuellement d’un autre lot de S-400, précise Sputnik.
Cette décision d’Ankara a provoqué une réaction négative de l’Alliance atlantique et des États-Unis qui ont exclu la participation de la Turquie à leur programme de production des chasseurs F-35.
Selon Sputnik, un autre amendement que celui de sénateur John Thune et bien plus sévère a aussi été proposé.
Formulé par par le président du comité sénatorial des relations étrangères Jim Risch, il oblige l’administration Trump à appliquer des sanctions CAATSA (Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act) à la Turquie qui reste toujours sous embargo après l’achat des S-400, dans les 30 jours suivant l’adoption du budget militaire.
Selon cette décision adoptée en 2017, tout pays qui achète un matériel militaire important à la Russie doit être soumis à de lourdes sanctions.
La mise en place des sanctions contre la Turquie est incorrecte, a répliqué le porte-parole de l’AKP. «Nous espérons que Washington apprécie notre souhait émis envers ses systèmes Patriot pour qu’ils fassent l’objet d’une discussion», a conclu Omer Celik.
Autrement dit, pour renoncer à ses S-400 russes, Ankara voudrait obtenir les Patriot américains. Une contre-proposition qui ne semble pas figurer dans les amendements proposés.
Source: Sputnik