La Chine a ordonné vendredi la fermeture d’un consulat américain, répliquant aux Etats-Unis trois jours après la décision de Washington de fermer le consulat de Chine à Houston sur des accusations d’espionnage.
Les Américains vont devoir fermer leur représentation diplomatique dans la grande ville de Chengdu (sud-ouest), a annoncé le ministère chinois des Affaires étrangères, dernier avatar d’une escalade aux allures de guerre froide entre les deux géants du Pacifique.
La mission de Chengdu, inaugurée en 1985, couvre tout le sud-ouest de la Chine, notamment la région autonome du Tibet. Selon son site internet, elle compte 200 employés, dont 150 de statut local. Les Etats-Unis comptent quatre autres consulats en Chine continentale (Canton, Shanghai, Shenyang, Wuhan) ainsi qu’un à Hong Kong, ainsi que leur ambassade à Pékin.
La décision de la Chine constitue « une réponse légitime et nécessaire aux mesures déraisonnables des Etats-Unis », a souligné dans un communiqué le ministère, sans préciser s’il avait des accusations spécifiques contre la présence américaine à Chengdu.
Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a déclaré que le consulat de Chine à Houston était une plaque tournante de l’espionnage » chinois et « du vol de propriété intellectuelle » américaine.
Durant la semaine écoulée, deux Chinois ont été mis en cause pour de présumées attaques informatiques contre des entreprises engagées dans la recherche d’un vaccin anti-Covid-19. Et tout récemment, une chercheuse chinoise a été accusée d’avoir dissimulé ses liens avec son armée pour obtenir un visa américain, de s’être réfugiée au consulat chinois de San Francisco afin d’échapper à son arrestation.
« La situation présente des relations sino-américaines ne correspond pas aux souhaits de la Chine et les Etats-Unis en sont entièrement responsables », a dénoncé Pékin, appelant Washington à « créer les conditions nécessaires pour que les relations bilatérales retournent à la normale ».
Pékin avait d’ores et déjà annoncé des représailles contre la fermeture de son consulat dans la grande ville du Texas (sud).
Craignant que son hégémonie mondiale ne soit détrônée par la Chine, désormais deuxième puissance économique après eux, les Etats-Unis confrontent ce pays sur plusieurs fronts.
En plus des différends commerciaux, les Américains ont été les premiers à accuser les Chinois d’avoir tardé à lancer l’alerte sur le Covid-19. Ils avaient auparavant soutenu les groupes de manifestants à Hong Kong et s’opposent ces dernières semaines à l’imposition par Pékin d’une loi sur la sécurité nationale. Washington ne cesse d’accuser Pékin de réprimer la minorité musulmane Ouïghoure, et conteste la présence militaire chinoise en mer de Chine.
« Nouvelle tyrannie »
Dans leurs discours, les Américains adoptent un discours qui diabolise le pouvoir chinois.
Le jeudi 23 juillet, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a appelé « le monde libre » à « triompher » de la « nouvelle tyrannie » incarnée selon lui par la Chine communiste.
« La Chine d’aujourd’hui est de plus en plus autoritaire à l’intérieur du pays, et plus agressive dans son hostilité face à la liberté partout ailleurs », a-t-il déclaré lors d’un discours dont la tonalité rappelait plus que jamais la Guerre froide avec l’Union soviétique, selon l’AFP.
Dans une attaque d’une rare virulence contre le président d’une des principales puissances mondiales, il a aussi accusé Xi Jinping d’être un « adepte sincère d’une idéologie totalitaire en faillite », en faisant référence uniquement à ses fonctions de « secrétaire général » du Parti communiste chinois (PCC).
Source: Avec AFP