Des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées mardi à Téhéran pour les funérailles nationales de l’ancien président iranien, l’ayatollah Akbar Hachémi Rafsandjani, mort dimanche à 82 ans, selon des images diffusées par la chaine satellitaire iranienne alAlam.
Selon le correspondant alAlam, l’Iran n’a jamais connu des funérailles aussi impressionnantes depuis la mort du fondateur de la république islamique de l’Iran et ex-guide suprême de la révolution islamique , l’imam Rouhallah Khomeini (P). Il a souligné que la présence de la jeune génération est assez importante et dépasse celle de l’ancienne génération qui a vécu la période de l’avénement de la révolution islamique.
Des photos du guide suprême et de Rafsanjani assis côté à côte en train de se sourire étaient brandies par plusieurs des personnes rassemblées.
« Au revoir vieux compagnon », a écrit une femme sur une pancarte.
Selon l’agence d’informations iraniennes Farsnews, la cérémonie des funérailles de Rafsanjani a commencé 8:30 heure locale mardi matin, dans la cour de l’Université de Téhéran situé au centre de la capitale, où le guide suprême de la révolution islamique, l’ayatollah Sayyed Ali Khamenei a effectué la prière funéraire sur le corps du défunt l’ayatollah Rafsanjani.
Différentes personnalités religieuses, politiques et militaires de tous bords ont participé à cette prière.
L’ayatollah Rafsanjani sera enterré aux côtés du sanctuaire de l’imam Khomeini , situé au sud de la capitale Téhéran.
Rafsanjani: l’homme à qui le monde doit l’accord nucléaire
Dans un commentaire à Sputnik, des experts évaluent la contribution de l’ayatollah Rafsanjani dans le développement des relations internationales de la République islamique.
« C’était un grand pragmatique. D’ailleurs, la politique qu’il menait aussi bien à l’intérieur du pays que sur la scène internationale se distinguait par le pragmatisme et était orientée sur la stabilité et un rapprochement des pays de la région », a déclaré dans un entretien à Sputnik Afifeh Abedi, du Centre de recherche stratégique du Conseil de discernement de l’Iran, qui a été présidé au cours de ces 15 dernières années par M. Rafsandjani.
« La personnalité et l’autorité de Hachemi Rafsanjani ont laissé une trace partout, y compris dans la consolidation des relations avec la Russie. Sous sa présidence (1989-1997, ndlr), des accords et des accords de coopération extrêmement importants ont été signés lors de son déplacement à Moscou », a-t-elle ajouté.
Selon Mme Abedi, le défunt homme politique a jeté les bases de la politique de stabilité et de bon voisinage.
« Ces dernières années, il continuait à jouer un rôle important dans la vie politique du pays. Il avançait régulièrement des initiatives visant à faire progresser la politique étrangère du pays », estime l’analyste.
L’ex-président a toujours défendu les intérêts du pays sur la scène internationale et a favorisé la stabilité dans la région, confirme Emad Abshenass, rédacteur en chef du journal Iran Press.
« C’est son équipe unie, avec le président en exercice Hassan Rohani à sa tête, qui a déployé un maximum d’efforts pendant les négociations du programme nucléaire iranien pour que la question soit résolue paisiblement. La signature de l’accord nucléaire est le fruit de ces efforts », a-t-il souligné avant de conclure que son décès était une perte énorme pour le peuple iranien.
A noter que l’ensemble des pays du monde arabe et musulman, ont présenté leurs condoléances au peuple iranien et à la république islamique de l’Iran, à commencer par le Liban , la Syrie, l’Algérie, Oman, l’Irak, le Yémen, le Kirghizistan, l’Azerbaidjan, l’Afghanistan, la Turquie.. ou des pays du Golfe persique comme le Bahrein, les EAU, le Qatar..
Aussi , du continent africain, notamment l’Afrique du sud, la côte d’Ivoire, ou du continent américain comme Cuba, le Nicaragua, le Venezuela sans oublier les mouvements de la résistance palestinienne comme le Hamas.
A noter que l’Arabie-saoudite n’a pas encore exprimé ses condoléances au peuple iranien alors que l’ayatollah Rafsanjani, faut-il le rappeler, a joué un rôle efficace dans la promotion des relations irano-saoudiennes, lorsqu’il occupait les fonctions de Président du parlement et de la République.
Promotion des relations irano-saoudiennes sous Rafsanjani
Dans les années 1990 , les relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite se réchauffent notamment à la faveur des présidences du pragmatique Hachémi Rafsandjani (1989-1997) et du réformateur Mohammad Khatami (1997-2005) à Téhéran.
Les échanges diplomatiques et commerciaux reprennent après de longues négociations.
En 1997, l’Iran organise le sommet de l’Organisation de la conférence islamique, à laquelle 54 pays participent, en présence du prince Abdallah, futur roi d’Arabie saoudite.
En 2008 , Rafsanjani a répondu à l’invitation du défunt roi Abdallah ( décédé le 23 janvier 2015) alors qu’il occupait la double fonction de président du Conseil du discernement du bien de l’Ordre islamique et Président de l’Assemblée des experts de la république islamique de l’Iran.
Rafsandjani était invité à participer à la Conférence internationale sur le dialogue interislamique avec plus de 800 penseurs du monde de l’Islam et des délégations politiques de plus de 50 pays musulmans.
Son rôle dans l’affaire de cheikh Nimr
Le 25 octobre 2014, l’ayatollah Rafsanjani, a adressé un message au défunt le roi Abdallah pour le mettre en garde contre l’exécution de la sentence à l’encontre de Cheikh Nimr.
« En cette période où les complots cibles les terres de la Oumma Islamique, stopper l’exécution de la sentence contre l’Ayatollah Cheikh Nimr Baker décevra ceux qui sèment la discorde et augmentera les interattractions pour régler les problèmes du monde musulman » avait souligné Rafsanjani dans son message au Roi de l’Arabie-saoudite.
Relevant la situation régionale et internationale « sensible » dans le monde musulman, il a indiqué que l’annulation de l’exécution de Cheikh Nimr devrait renforcer l’unité entre chiites et sunnites. « Les musulmans attendent de vous cette décision ».
Le message a été entendu. Selon plusieurs médias arabes, le défunt roi Abdallah a décidé de suspendre l’application de la peine de mort contre Cheikh Nimr qui risquait d’envenimer les rapports entre sunnite-chiite en Arabie Saoudite.
Source: Divers