« L’Égypte a été le premier pays arabe à avoir félicité les Émirats pour l’accord qu’ils ont conclu avec ‘Israël’ sans doute trop échaudé par un grand battage médiatique essentiellement concentré sur des secteurs tels que la technologie, les soins de santé, l’éducation et le tourisme.
Et pourtant outre son aspect militaire directement orienté contre l’axe iranien, l’accord d’Abraham est un pipeline, celui qui devra relier Eilat-Ashkelon et qui amène l’accord dans le domaine du pétrole, le cœur battant de l’économie du golfe Persique.
« Il y a un peu plus de 60 ans, lors de sa construction, le gazoduc Eilat-Ashkelon était un vaste projet de construction visant à garantir l’approvisionnement énergétique d’Israël et de l’Europe à la suite de la crise de Suez en 1956.
Le président égyptien Gamal Abdel Nasser avait restreint la navigation sur le canal, déclenchant une invasion par les forces israéliennes, britanniques et françaises.
L’Égypte nassérienne n’y a pas renoncé et ses efforts ultérieurs pour bloquer la voie navigable artificielle de 120 milles ont coûté à Israël des guerres israélo-arabes en 1967 et 1973. Depuis les choses ont nettement changé.
« En effet, l’oléoduc israélien vise à pomper du pétrole déchargé à Ashkelon depuis des navires envoyés par des producteurs tels que l’Azerbaïdjan et le Kazakhstan vers des pétroliers dans le golfe d’Aqaba (ville portuaire de Jordanie située au bord du golfe d’Aqaba) pour le transport vers la Chine, la Corée du Sud ou ailleurs en Asie.
Parallèlement au pipeline de pétrole brut, un tube de 16 pouces devra transporter des produits pétroliers tels que l’essence et le diesel.
Israël vise aussi à tirer profit de l’exploitation de réservoirs de stockage dans ses terminaux d’expédition. Et c’est là que les choses commencent à se gâter pour l’Égypte.
En effet, l’objectif israélien est que l’oléoduc capte entre 12% et 17% de l’activité pétrolière qu’utilise maintenant Suez.
En raison des limites du canal, une grande partie du brut du golfe Persique à destination de l’Europe et de l’Amérique du Nord est pompée par le pipeline Suez-Méditerranée de l’Égypte, dans lequel l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont associés.
L’oléoduc égyptien, cependant, ne fonctionne que dans un seul sens, ce qui le rend moins utile que son concurrent israélien.
Aussi le perdant sera l’Égypte qui verra les affaires siphonnées et aura actuellement moins de contrôle sur les prix en raison de la concurrence.
L’oléoduc israélien mord ainsi trop profondément les sources de revenus de l’Égypte, premier État arabe à « faire la paix » avec Israël en 1979, et l’un des pays les plus économiquement dépendants des États-Unis et du golfe Persique.
Il est vrai que l’Égypte de Sissi en dépit de son alliance avec l’axe occidental n’a cessé de glisser des mains occidentales (Syrie, Yémen, Iran) et l’inauguration de l’oléoduc en question qui revient à restreindre un peu plus les revenues tirés du trafic maritime à Suez saura davantage la mettre sous pression.
Mais l’Égypte est-elle totalement désarmée ? Pas tant que cela. L’oléoduc Eilat-Ashkelon pourra se transformer en un véritable cauchemar si Le Caire refusait par exemple de s’entremettre entre l’entité sioniste et Gaza lors d’une prochaine escalade.
Le port d’Eliat est pour le reste totalement à la portée des missiles de Gaza et une extension des sites gaziers sionistes équivaut à une plus grande exposition aux missiles.
Certaines voix en Égypte commencent d’ailleurs à évoquer cette perspective comme une riposte à cette trahison sioniste qui relèvera ni plus ni moins d’un boycott qui n’ose pas dire son nom.
Source: Avec PressTV