Après sa victoire contre Donald Trump, Joe Biden s’est tourné dimanche 8 novembre vers les préparatifs de son accession à la Maison Blanche avec deux priorités affichées: la lutte contre la pandémie et la réconciliation d’une Amérique divisée.
De par le monde, les dirigeants ont salué l’élection du démocrate, offrant un contraste saisissant avec le camp républicain aux Etats-Unis qui, à l’instar du président sortant, refuse de concéder la défaite.
Arguant de « fraudes » électorales, sans fournir de preuves, Donald Trump promet de multiplier les actions en justice. Mais leurs chances d’aboutir sont très minces et les démocrates, qui ont laissé éclater leur joie notamment dans les grandes villes, en font peu de cas.
Sans un mot pour son rival, ni pour ses allégations, Joe Biden a promis samedi soir d’être un président « qui rassemble et non qui divise » devant une foule en liesse réunie dans son fief de Wilmington.
Sortant des rangs chez les républicains, l’ancien président George W. Bush l’a « remercié pour ce discours patriote » et l’a félicité, par téléphone, pour sa victoire dans une « élection honnête » ayant livré un verdict « clair ».
Résolument tourné vers la transition, l’ancien vice-président de Barack Obama, 77 ans, a mis en ligne un site BuildBackBetter.com et des comptes Twitter dédiés aux 72 jours qui le séparent de son investiture, le 20 janvier 2021.
Il y annonce ses priorités: le combat contre la pandémie, la reconstruction économique, la justice raciale et la lutte contre le réchauffement climatique.
L’enjeu du Sénat
Dès lundi, il mettra en place une cellule de crise sur le Covid-19, qui a déjà fait plus de 237.000 morts aux Etats-Unis. Ce groupe de travail réunira des scientifiques et des experts, chargés d’élaborer un plan à mettre en oeuvre dès sa prise de fonction.
Dans les 100 premiers jours de son mandat, Joe Biden a aussi l’intention de faire revenir les Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat et d’agir par décret pour détricoter le bilan de son prédécesseur, notamment en matière migratoire.
Avec la vice-présidente Kamala Harris, première femme noire à ce poste, il planche également sur la composition de son gouvernement, où les femmes et les minorités devraient occuper une large place.
En écho à son discours de rassembleur, son cabinet devrait inclure des représentants de l’aile gauche du parti, mais aussi des centristes voire, peut-être, quelques républicains.
La majorité au Sénat, qui se jouera lors de scrutins serrés en Géorgie en janvier, pourrait toutefois influer sur ses choix. Si les républicains conservent la main à la chambre haute, leur chef Mitch McConnell pourrait refuser de confirmer des personnalités trop à gauche à son goût.
« Election volée »
L’attitude de Donald Trump dans les prochains jours pèsera aussi sur la marge de manoeuvre de Joe Biden jusqu’au 20 janvier.
Pour lui donner accès aux agences fédérales, il faut en effet qu’un haut fonctionnaire enclenche le processus de transition.
Ce feu vert pourrait être retardé par le refus du républicain de reconnaître sa défaite, un geste extrêmement difficile pour cet ancien homme d’affaires qui a fait du « succès » le coeur de son discours.
Preuve qu’il n’est pas encore prêt à se retirer, il a encore cité dimanche sur Twitter des allégations d' »élection volée » avant de partir jouer au golf.
Des messages immédiatement épinglés par le réseau social.
Mais le reste du monde est déjà passé à la suite. Les Occidentaux ont félicité Joe Biden pour sa victoire, se disant prêts à travailler avec les Etats-Unis pour affronter les « grands défis » du monde.
« Relation souple à la vérité »
Aux Etats-Unis en revanche, à de rares exceptions près, le camp républicain refuse de considérer que les dés sont jetés. « Ne concédez rien M. le président, battez-vous », a lancé dimanche le sénateur Lindsey Graham sur Fox News.
« Nous devons protéger notre démocratie avec une transparence complète », a renchéri la « First Lady » Melania Trump sur Twitter.
La plupart des élus du Congrès observent un mutisme absolu depuis 24 heures. Or, leur coopération sera essentielle pour éviter la paralysie des institutions.
« On ne changera pas le président (…) il a une relation souple avec la vérité », a estimé le sénateur républicain Mitt Romney, un de ses critiques fréquents.
« Je suis convaincu qu’il se battra jusqu’au bout », a-t-il ajouté. « Mais je suis également sûr qu’une fois tous ses recours épuisés, il acceptera l’inévitable ».
Source: Avec AFP