Le président iranien Hassan Rohani a accusé, samedi 28 novembre, Israël d’avoir agi comme « mercenaire » des Etats-Unis en assassinant vendredi près de Téhéran un scientifique de haut rang dans le programme de Défense de Téhéran.
« Une fois de plus, les mains impitoyables de l’arrogance mondiale, avec le régime sioniste usurpateur comme mercenaire, sont souillées du sang d’un fils de cette nation », a dénoncé M. Rohani dans un communiqué publié sur son site officiel, faisant référence à l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh.
L’Iran utilise en général l’expression « arrogance mondiale » pour désigner les Etats-Unis.
Mohsen Fakhrizadeh, 59 ans, a succombé à ses blessures après l’attaque menée contre sa voiture avec un véhicule chargé d’explosifs et des tirs d’assaillants, pris à partie par ses gardes du corps, a annoncé vendredi le ministère de la Défense.
Il a précisé que le scientifique était chef du département recherche et innovation du ministère.
Rohani s’est engagé à ce que son décès « ne perturbe pas » les progrès scientifiques de son pays. Et d’affirmer: « cet assassinat est dû à la faiblesse et à l’incapacité des ennemis face au développement scientifique du peuple iranien. Il intervient après leurs revers consécutifs dans la région et auprès des instances politiques internationales. Il reflète également l’étape cruciale au cours de laquelle les ennemis tentent d’exploiter au maximum ces dernières semaines » du président américain sortant Donald Trump.
Dans une intervention télévisée, il a ensuite accusé les Israéliens de vouloir « créer le chaos, mais ils devraient savoir que nous les avons démasqués et qu’ils ne réussiront pas ».
« La nation iranienne est trop intelligente pour tomber dans le piège de la conspiration mise en place par les Sionistes », a-t-il lancé. Présentant ses condoléances « à la communauté scientifique et au peuple révolutionnaire d’Iran ».
« Les ennemis de l’Iran devraient savoir que la bravoure du peuple et des responsables iraniens est telle que cet acte criminel ne restera pas sans conséquence », a prévenu M. Rohani. « Le moment propice, ils riposteront à ce crime », a-t-il affirmé.
Le ministre de la Défense Amir Hatami a relevé à la télévision que Fakhrizadeh avait eu un « rôle marquant dans les innovations de défense ». « Il gérait la défense nucléaire et faisait un travail considérable », a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif avait accusé dès vendredi Israël d’avoir joué un « rôle » dans cet « acte terroriste ».
Le département d’Etat américain avait indiqué en 2008 que Fakhrizadeh menait « des activités et des transactions contribuant au développement du programme nucléaire de l’Iran ».
A deux mois de la fin de son mandat, le président Donald Trump a sondé de hauts responsables américains sur la possibilité d' »agir » contre un site nucléaire iranien, affirmait le 17 novembre le quotidien américain New York Times selon lequel ils l’en avaient dissuadé.
Cet assassinat intervient moins de deux mois avant l’investiture du démocrate Joe Biden à la présidence des Etats-Unis.
Il entend changer de posture vis-à-vis de l’Iran après les quatre années de présidence Trump, qui s’est retiré en 2018 de l’accord sur le programme nucléaire iranien signé trois ans plus tôt. Les Etats-Unis, dans le cadre de leur politique de « pression maximale », ont ensuite rétabli puis durci les sanctions contre l’Iran.
Plusieurs scientifiques spécialisés dans le domaine nucléaire en Iran ont été assassinés ces dernières années, Téhéran en attribuant systématiquement la responsabilité à ‘Israël’.
Sources: AFP + Médias iraniens