Les Etats-Unis ont jugé, le lundi 4 juillet, que la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh avait « vraisemblablement » été tuée par un tir provenant d’une position israélienne, sans raison de croire que sa mort ait été intentionnelle.
Les experts américains, à qui l’Autorité palestinienne avait confié la balle ayant tué la correspondante vedette d’Al-Jazeera alors qu’elle couvrait le 11 mai un assaut israélien contre Jénine, en Cisjordanie occupée, n’ont toutefois pas pu atteindre de conclusion définitive quant à l’origine du projectile, prétend le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, dans un communiqué.
Ces conclusions ont immédiatement donné lieu à des réactions contrastées: l’entité sioniste a insisté sur le fait qu’il avait lui-même mené un examen de la fameuse balle, en présence de responsables sécuritaires américains, alors même que l’Autorité palestinienne s’était toujours refusée à lui confier la balle, tandis que le ministre palestinien des Affaires civiles, Hussein al-Sheikh, a dénoncé sur Twitter une tentative de « cacher la vérité ».
« Nous n’acceptons pas les tentatives de cacher la vérité et nous n’avons pas peur d’accuser Israël […] qui porte la responsabilité de l’assassinat de Shireen Abu Akleh », a ajouté Hussein al-Sheikh.
Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a appelé à une enquête internationale et accusé les Etats-Unis d’être « complices » de la mort de la journaliste.
Le martyre de cette journaliste très appréciée et reconnue d’Al Jazeera a secoué le Proche-Orient.
Equipée d’un gilet pare-balles clairement marqué de la mention « presse » et d’un casque, elle avait été victime d’un tir israélien à la tête et un autre journaliste avait été blessé par balle alors qu’ils s’étaient rendus aux abords du camp de réfugiés de Jénine.
Tant l’Autorité palestinienne qu’Al-Jazeera, ainsi que le pays finançant la chaîne, le Qatar, ont immédiatement accusé l’armée israélienne de l’avoir assassinée.
Famille « atterrée »
De son côté, la famille de la journaliste s’est dite « atterrée » de l’absence de conclusion formelle quant à l’origine du tir, dans un communiqué partagé sur Twitter.
« Nous sommes atterrés par l’annonce aujourd’hui du département d’Etat […] selon lequel un examen de la balle qui a tué Shireen Abu Akleh, une citoyenne américaine, n’a pas permis de conclure sur l’origine de l’arme l’ayant tirée », a écrit la famille dans un communiqué partagé sur Twitter.
« L’attention portée par Israël à la balle […] était une tentative d’orienter le récit en sa faveur », a ajouté la famille, rappelant que de nombreux rapports de l’ONU et journalistiques ont conclu ces dernières semaines que la journaliste avait été tuée par un tir israélien.
« Le fait que des enquêteurs américains, dont l’identité n’est pas révélée dans le communiqué, pensent que la balle « provient probablement de positions israéliennes » n’est qu’une piètre consolation », a-t-elle encore estimé.
Le procureur palestinien Akram al-Khatib a quant à lui déclaré dans un communiqué que les conclusions de l’enquête américaine le « surprenaient » car Shireen Abu Akleh avait, selon son enquête à lui, été tuée de manière «délibérée» par un soldat israélien.
Rappelons que les autorités palestiniennes avaient toujours refusé de remettre le projectile fatal à l’armée d’occupation israélienne et l’avait finalement confié aux Américains dans l’espoir d’une expertise indépendante.
Mais l’armée d’occupation israélienne a dit lundi avoir elle-même mené un « examen balistique » du projectile — de calibre 5,56 mm et tiré par un fusil semi-automatique Ruger Mini-14, selon le procureur palestinien — en présence de « responsables sécuritaires américains ».
Un responsable palestinien avait indiqué dimanche à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, que la possibilité qu’Israël examine la balle confiée aux Etats-Unis soulevait des questions quant à savoir si l’on pouvait « faire confiance aux Américains ».