L’Europe a besoin d’immigrés pour son économie et ne pourra résoudre la crise migratoire qu’à travers la coopération, sans construire de murs, a souligné la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini mercredi à La Valette.
Mme Mogherini ouvrait à Malte une réunion Europe-Afrique sur la crise migratoire, avant de participer à la cérémonie de remise de diplôme des 89 gardes-côtes libyens formés par les membres de Sophia, l’opération navale européenne anti-passeurs.
« Je pense que les Européens devraient comprendre que nous avons besoin de l’immigration pour nos économies », compte tenu du vieillissement de la population européenne, a-t-elle dit.
« De son côté, l’Afrique devrait prendre en compte le coût du trafic d’êtres humains, les pertes en vies humaines », a-t-elle ajouté, alors qu’au moins 4.500 migrants, essentiellement africains, sont morts ou ont disparu en mer l’année dernière en tentant de gagner l’Italie.
« Les migrations ne peuvent être gérées que par la coopération et le partenariat », a insisté Mme Mogherini.
« Il y a des forces à travers le monde qui font pression pour une approche différente, (…) basée (…) sur la construction de murs plutôt que de partenariats. (…) Ce n’est pas la voie européenne », a-t-elle martelé.
« L’Europe ne ferme pas ses portes et ne va pas le faire (mais) nous devons mettre fin à la tragédie en mer et dans le désert. Chaque jour des gens meurent encore », a-t-elle poursuivi.
Devant les garde-côtes libyens que l’UE et l’Italie ont contribué à former pour mieux lutter contre les passeurs et le trafic de migrants Mme Mogherini a évoqué l’importance du partenariat avec la Libye.
Il s’agit là du « meilleur exemple d’un partenariat qui bénéficie à tout le monde », a-t-elle déclaré sur le pont du porte-aéronefs San Giorgio, navire amiral de l’opération Sophia.
Les 89 garde-côtes ont été formés par des équipes provenant de plusieurs pays de l’UE, dont l’Italie ou l’Allemagne, a-t-elle précisé, ajoutant que ce n’était là qu’une première phase de leur formation.
Celle-ci est destinée à aider les garde-côtes libyens à intercepter les embarcations des migrants dans les eaux libyennes, où les bateaux européens ne peuvent s’aventurer, alors que tous les migrants secourus dans les eaux internationales de la Méditerranée sont conduits en Italie.
Les Européens espèrent ainsi décourager les départs, après une année 2016 record, avec plus de 181.000 arrivées sur les côtes italiennes.
« Nous partageons un intérêt à mettre un terme à la tragédie en Méditerranée », a assuré Mme Mogherini.
Source: AFP