Une Saoudienne récemment condamnée à 34 ans de prison pour des tweets critiques du gouvernement savait que des personnes informaient les autorités de ses activités mais n’a pas pris ces menaces «au sérieux», a indiqué le jeudi 18 août une proche.
Doctorante de 34 ans à l’université britannique de Leeds, Salma Al-Chehab a été arrêtée en janvier 2021 pendant des vacances dans son pays.
Cette mère de deux enfants a été condamnée le 9 août à 34 ans d’emprisonnement sous prétexte d’avoir «aidé» des dissidents à «déstabiliser l’État» en relayant leurs tweets.
Selon une proche, qui a requis l’anonymat pour sa sécurité, Salma Al-Chehab n’avait pas pris les menaces de délation «au sérieux».
«Nous avons discuté du fait que des gens la harcelaient sur Twitter et informaient en ligne les services de sécurité de ses tweets», a-t-elle déclaré à l’AFP.
«Mais elle ne pensait pas que les autorités s’intéresseraient à quelqu’un qui a moins de 2000 abonnés», a-t-elle ajouté.
L’Arabie saoudite a durci la répression des dissidents, notamment des militantes féministes, depuis que le prince héritier Mohammed ben Salmane est devenu son dirigeant de facto en 2017.
Les partisans les plus zélés de son pouvoir intimident et dénoncent régulièrement les voix critiques sur Twitter.
Les autorités ont même lancé «Kollona Amn» –nous sommes tous des agents de la sécurité, en arabe.
Cette application qui «permet aux citoyens et résidents de jouer un rôle d’agent de police» permet de témoigner de crimes et d’accidents mais aussi de dénoncer des opposants politiques.
Salma Al-Chehab, qui compte aujourd’hui environ 2600 abonnés, tweetait surtout sur les droits des femmes saoudiennes.
Sa condamnation intervient quelques semaines après une visite du président américain Joe Biden en Arabie saoudite, critiquée en raison des graves violations des droits humains dans le royaume.
Washington prétend aborder régulièrement la question des libertés avec Ryad et le porte-parole du département d’État Ned Price a estimé jeudi que «défendre les droits des femmes ne devrait pas être criminalisé».
Amnesty International a dénoncé une condamnation «scandaleuse», appelant les autorités à libérer Salma Al-Chehab.
L’université de Leeds s’est dite «inquiète» et a déclaré vouloir lui venir en aide.