Le Pakistan aura besoin de plus de 10 milliards de dollars pour réparer les dégâts à la suite des inondations provoquées par les pluies de mousson et reconstruire les infrastructures endommagées, a indiqué mardi à l’AFP le ministre de la Planification et du Développement.
« Des dégâts massifs ont été causés aux infrastructures, en particulier dans les secteurs des télécommunications, des routes, de l’agriculture et des moyens de subsistance », a déclaré Ahsan Iqbal.
Un tiers du Pakistan est actuellement « sous les eaux », a déclaré lundi dans un entretien avec l’AFP la ministre du Changement climatique Sherry Rehman, évoquant une « crise aux proportions inimaginables ».
Les inondations ont fait au moins 1.136 morts, emporté d’innombrables maisons et détruit des terres agricoles vitales.
Plus de 33 millions de personnes, soit un Pakistanais sur sept, ont été affectées par ces inondations et près d’un million de maisons ont été détruites ou gravement endommagées.
Mais les autorités tentent toujours d’atteindre des villages isolés situés dans des zones montagneuses septentrionales, ce qui pourrait encore alourdir le bilan.
« Tout n’est qu’un grand océan, il n’y a pas d’endroit sec d’où pomper l’eau », a relevé Mme Rehman, ajoutant que le coût économique serait dévastateur.
Une énorme opération de secours est en cours dans le pays, où l’aide internationale commence à lentement arriver.
Les Nations unies et le gouvernement pakistanais, qui a décrété l’état d’urgence, vont officiellement lancer mardi un appel aux dons de 160 millions de dollars pour financer l’aide d’urgence.
Les responsables pakistanais attribuent ces intempéries dévastatrices au changement climatique, affirmant que leur pays subit les conséquences de pratiques environnementales irresponsables ailleurs dans le monde.
La mousson, qui dure habituellement de juin à septembre, est essentielle à l’irrigation des plantations et à la reconstitution des ressources en eau du sous-continent indien. Mais elle apporte aussi chaque année son lot de drames et de destructions.
Selon Mme Rehman, ces intempéries sont pires encore que celles de 2010, année au cours de laquelle 2.000 personnes ont été tuées et près d’un cinquième du Pakistan submergé par les pluies de mousson.
Des personnes déplacées par les inondations ont trouvé refuge dans des camps de fortune établis à la va-vite partout sur le territoire pakistanais.
« La vie ici est misérable », a déclaré à l’AFP Fazal e Malik, hébergé avec environ 2.500 autres personnes sur le terrain d’une école à Nowshera, dans la province du Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest). « Je pue mais il n’y a pas d’endroit pour prendre une douche. Il n’y a pas de ventilateurs », a-t-il ajouté.
Le Pakistan a reçu deux fois plus de précipitations qu’habituellement, selon le service météorologique. Dans les provinces du sud (Baloutchistan et Sind), les plus touchées, les pluies ont été plus de quatre fois supérieures à la moyenne des trente dernières années.
Près de Sukkur, dans le Sind, où un imposant barrage datant de l’époque coloniale situé sur l’Indus est vital pour empêcher que la catastrophe n’empire, un agriculteur se lamentait de voir ses champs de riz perdus.
« Nos plantations s’étendaient sur 2.000 hectares, sur lesquelles le riz de la meilleure qualité était ensemencé et mangé par vous et nous », a raconté à l’AFP Khalil Ahmed, 70 ans. « Tout ça est fini ».
Le responsable du barrage a assuré que le gros de l’eau s’écoulant du nord du pays par le fleuve devrait atteindre l’ouvrage autour du 5 septembre, mais s’est dit confiant en sa capacité de tenir le choc.
Le barrage détourne les eaux de l’Indus vers des milliers de kilomètres de canaux qui constituent l’un des plus grands réseaux d’irrigation au monde. Mais les fermes ainsi desservies sont aujourd’hui complètement inondées.
La NDMA a affirmé que plus de 80.000 hectares de terres cultivables avaient été ravagées et plus de 3.400 kilomètres de routes et 157 ponts emportés par les eaux. L’eau entrave les opérations de secours placées sous la supervision de l’armée pakistanaise.
Ces inondations surviennent au pire moment pour le Pakistan, dont l’économie était déjà en crise.
Le Fonds monétaire international a donné lundi son accord à la reprise d’un programme de soutien financier, essentiel pour le pays, et annoncé le déblocage d’une enveloppe d’1,1 milliard de dollars.
Mais il est déjà clair que le Pakistan aura besoin de bien plus pour reconstruire les infrastructures détruites par les inondations.
Les prix des aliments de base montent en flèche et des problèmes d’approvisionnement se font déjà sentir dans les provinces du Sind et du Pendjab.
Source: AFP