Le président américain Joe Biden dit avoir prévenu son homologue chinois Xi Jinping d’un risque de fuite des investisseurs si Pékin violait les sanctions imposées à la Russie.
Dans un extrait d’interview à la chaîne CBS devant être diffusée dimanche, M. Biden indique avoir expliqué à M. Xi, lors d’un entretien téléphonique, que violer les sanctions serait « une erreur gigantesque », précisant qu’il n’y avait aucune indication pour le moment que la Chine ait soutenu activement l’effort de guerre russe en lui fournissant des armes.
« J’ai appelé le président Xi – pas du tout pour menacer, juste pour lui dire (…) que si vous pensez que les Américains et d’autres vont continuer à investir en Chine alors que vous violez les sanctions imposées à la Russie, je crois que vous faites une erreur gigantesque », a déclaré M. Biden.
« Pour le moment, il n’y a aucune indication qu’ils (les Chinois) aient proposé des armes ou d’autres choses dont la Russie a besoin », selon le président américain.
Défendre Taïwan
Le président américain a en outre affirmé que les troupes américaines défendraient Taïwan si l’île venait à être envahie par la Chine.
À la question de savoir si « des Américains défendraient Taïwan en cas d’invasion chinoise », le dirigeant américain a répondu sur la chaîne CBS : « Oui, si une attaque sans précédent venait à se produire. »
Sollicité par l’AFP, un porte-parole de la Maison Blanche a toutefois affirmé dimanche soir que la politique des États-Unis à l’égard de Taïwan « n’avait pas changé ».
La Chine estime que Taïwan, peuplée de quelque 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
Lors de son interview, le président US a aussi souligné qu’il n’était pas en train « d’encourager » l’île à déclarer son indépendance formelle. « C’est leur décision », a-t-il déclaré.
Joe Biden avait déjà agacé Pékin en affirmant fin mai que les États-Unis interviendraient militairement pour soutenir Taïwan en cas d’invasion par la Chine. Il était revenu ensuite en arrière, affirmant son attachement à « l’ambiguïté stratégique ».
Ce concept volontairement flou, qui gouverne la politique taïwanaise de Washington depuis des décennies, consiste pour les États-Unis à s’abstenir de dire s’ils interviendraient ou non militairement pour défendre Taïwan en cas d’invasion.
Washington applique par ailleurs une « politique d’une seule Chine » : les États-Unis ne reconnaissent officiellement qu’un seul gouvernement chinois, celui de Pékin. Mais, en même temps, ils se gardent d’approuver la position de Pékin selon laquelle Taïwan est une partie inaliénable de la Chine unique qui sera réunifiée un jour. Les États-Unis estiment que c’est à Pékin et à Taipei de trouver une solution, mais s’opposent à tout usage de la force pour changer le statu quo.
« Nous sommes en accord avec ce que nous avons signé, il y a longtemps », a estimé Joe Biden lors de son interview.
Rapprochement significatif
Les propos de Joe Biden interviennent toutefois après un rapprochement significatif entre les États-Unis et Taïwan, à l’heure où les relations entre Pékin et Washington sont à leur plus bas depuis des décennies.
Mercredi, un projet de loi qui prévoit une première aide militaire directe des États-Unis à Taïwan a franchi une étape clé au Congrès américain.
Quelques jours plus tôt, Washington avait annoncé la vente pour 1,1 milliard de dollars d’armes à Taipei.
Début août, une visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, avait aussi provoqué la fureur de Pékin. La Chine avait alors lancé les plus importantes manœuvres militaires de son histoire autour de l’île.