Toute tentation des Etats-Unis de diviser les Européens sera condamnée à l’échec car ils n’ont pas les moyens de compenser les avantages qu’apporte l’Union européenne à ses membres, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères.
Dans une interview au Journal du dimanche, Jean-Marc Ayrault indique que la France n’acceptera pas d’ingérences étrangères, russe ou américaine, dans la campagne pour les présidentielles.
Interrogé sur l’absence d’unité des Européens face à la vision du monde du président américain Donald Trump, il répond : « C’est en train de changer et cette prise de conscience est largement due aux attaques répétées de Donald Trump contre l’Europe. »
« Même (la Première ministre britannique) Theresa May s’est sentie obligée de dire, que malgré le Brexit, l’intérêt des États-Unis était d’avoir pour partenaire une Europe forte. »
« L’Europe reste une référence dans ce monde troublé et je fais le pari que la tentation de diviser les Européens pour mieux régner ne va pas fonctionner. Car les États Unis n’ont absolument pas les moyens de compenser les avantages que l’Union européenne offre à ses membres », ajoute-t-il.
Pour Jean-Marc Ayrault, « certaines attitudes ou déclarations peuvent laisser penser » que les Etats-Unis et la Russie veulent affaiblir l’Europe.
« Il suffit de regarder pour quels candidats, à savoir Marine Le Pen ou François Fillon, la Russie exprime des préférences, dans la campagne électorale française, alors qu’Emmanuel Macron, qui développe un discours très européen, subit des cyber-attaques », souligne-t-il.
« Cette forme d’ingérence dans la vie démocratique française est inacceptable (…) la France n’acceptera pas, les Français n’accepteront pas qu’on leur dicte leurs choix », déclare le ministre.
Le chef de la diplomatie française s’en prend plus spécifiquement à la politique de l’administration américaine qui fait que, selon lui, « nous sommes aujourd’hui confrontés à une incertitude beaucoup plus grande, à une forte imprévisibilité. »
« Les enjeux complexes et importants, auxquels nous faisons face, se prêtent mal à des ‘deals’. De même, on ne règle aucune crise internationale en 140 caractères », dit-il en référence à la multiplication des « tweets » du locataire de la Maison blanche.
Il exprime plus particulièrement son inquiétude à propos de ses prises de position sur le conflit israélo-palestinien.
« A la suite de Donald Trump, (le secrétaire d’Etat américain) Rex Tillerson a laissé entendre que la ‘ solution des deux Etats’, « Israël » et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité, n’était pas la seule, alors que chacun sait qu’il n’y en a pas d’autre. C’est très préoccupant », a-t-il déploré.
Reuters