Le patron de Tesla, Elon Musk, s’en est pris mardi au conseiller américain au commerce, Peter Navarro, exposant pour la première fois publiquement des dissensions au sein de l’équipe de Donald Trump.
L’homme le plus riche du monde, qui mène pour le compte du président américain une mission de réduction radicale de la dépense publique, a écrit, dans deux messages publiés mardi sur X, que Peter Navarro était un « crétin » et qu’il était « bête comme ses pieds ».
« Les garçons sont comme ça, on ne les changera pas, nous les laisserons poursuivre leur duel publiquement », a commenté lors d’un point-presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, visiblement décidée à traiter l’affaire à la légère.
Elle a évoqué deux hommes avec des opinions « très différentes sur le commerce et les droits de douanes » et vanté la transparence du gouvernement Trump.
Elon Musk, grand allié du président républicain dont il a généreusement financé la campagne électorale, a commenté une vidéo dans laquelle le conseiller au commerce estimait que le patron de Tesla n’est « pas un fabricant de voitures » mais seulement un « assembleur » travaillant avec des pièces importées d’Asie.
« Ce que nous voulons, et c’est là que nous avons des vues différentes d’Elon, c’est que les pneus soient fabriqués » aux Etats-Unis, tout comme les « transmissions » et les « moteurs », explique Peter Navarro dans cette vidéo, extraite d’une interview avec la chaîne CNBC.
« Navarro est vraiment un crétin. Ce qu’il dit ici est faux et c’est facile à prouver », a rétorqué Elon Musk, en ajoutant ensuite: « Navarro est bête comme ses pieds. »
Il est revenu à la charge dans un troisième message furieux, ajoutant que de tous les constructeurs, Tesla était celui avec « le plus de contenu américain », et en concluant: « Navarro devrait demander à ce faux expert qu’il a inventé, Ron Vara ».
La presse américaine avait, pendant le premier mandat de Donald Trump (2017-2021), révélé que Peter Navarro citait dans des livres un expert apparemment inventé de toutes pièces, Ron Vara, dont le nom est une anagramme du sien.
Elon Musk avait déjà signalé, mais plus discrètement, son opposition à la politique radicalement protectionniste dont Peter Navarro est l’un des grands architectes, et qui s’est traduite la semaine dernière par l’annonce de droits de douanes pour certains astronomiques contre les partenaires commerciaux des Etats-Unis.
Les médias avaient déjà fait état de tensions entre le multimilliardaire et d’autres membres de l’administration Trump à propos de la manière dont Elon Musk démantèle des pans entiers de la bureaucratie fédérale.
Donald Trump lui maintient jusqu’ici son soutien, mais a ces derniers temps plusieurs fois signalé que la mission de l’hyperactif homme d’affaires au sein de sa « commission à l’efficacité gouvernementale (Doge) » n’allait pas durer éternellement, et qu’il lui faudrait un jour reprendre les manettes de Tesla, dont les ventes et le cours de Bourse sont en baisse.
D’autres grands noms des affaires, beaucoup moins proches du président américain, ont aussi fait part, avec prudence toutefois, de leurs doutes sur la politique commerciale de la Maison Blanche.