Le gouvernement espagnol a annulé unilatéralement jeudi un contrat d’armement de 6,8 millions d’euros avec une entreprise israélienne, après que celui-ci a provoqué d’importantes tensions au sein de la coalition de gauche au pouvoir, selon des sources gouvernementales.
« Les ministères concernés ont décidé d’annuler unilatéralement le contrat d’achat de munitions avec la société israélienne IMI Systems», indiquait-on de même source pour expliquer cette décision. « Pour cette raison, depuis le 7 octobre 2023, l’Espagne n’achète ni ne vend d’armement aux entreprises israéliennes et ne le fera pas non plus à l’avenir », ont poursuivi ces sources.
Selon ces sources, le Parti socialiste, dirigé par le Premier ministre Pedro Sanchez, et son allié, la coalition de gauche radicale Sumar, « sont fortement engagés dans la cause palestinienne ».
En octobre, le ministère espagnol de l’Intérieur avait attribué un contrat, d’une valeur de 6,8 millions d’euros, à la société israélienne « Guardian Defense and Homeland Security S.A. » pour l’achat de munitions de calibre 9 mm destinées à diverses unités de la Garde civile. Mais ce marché contredisait l’engagement de Madrid de ne pas conclure le moindre contrat d’armement avec Israël, qu’il s’agisse d’achat ou de vente.
Le gouvernement espagnol, qui a reconnu en mai dernier l’Etat de Palestine, a fait de son soutien à la cause palestinienne l’un des axes de sa politique étrangère et entretient des relations exécrables avec le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu.
L’annonce de ce contrat d’armement avait déclenché la colère de Sumar, amenant le ministère de l’Intérieur à entamer des procédures pour l’annuler.
Mais l’examen légal avait abouti à une conclusion inverse, avaient indiqué mercredi à l’AFP des sources du ministère de l’Intérieur.
Selon ces sources, le ministère avait dû se résigner à s’en remettre à l’avis des services juridiques de l’Etat, qui avaient « déconseillé l’annulation en raison de l’état avancé de la procédure » et du risque de pertes financières. Concrètement, « l’annulation aurait obligé à payer l’entreprise (israélienne) sans recevoir le matériel », ajoutait-on de même source.
Validé par le ministère de l’Intérieur, le contrat avait été publié sur la plateforme où sont mis en ligne les contrats conclus par le service public le vendredi de Pâques, au plus fort de la Semaine Sainte, alors que toute l’Espagne était en congé. Le fournisseur devait être la société israélienne IMI Systems Ltd, représentée par Guardian Defense and Homeland Security S.A.
L’information avait aussitôt provoqué un nouveau tollé au sein de la gauche radicale, dont la principale leader, la ministre du Travail Yolanda Díaz, deuxième vice-présidente du gouvernement, avait de nouveau exigé qu’un moyen soit trouvé pour annuler ce contrat « de manière immédiate ».
« Après avoir épuisé toutes les possibilités de négociation, la présidence du gouvernement, la deuxième vice-présidence et les ministères compétents ont décidé d’annuler de manière unilatérale le contrat d’achat de munitions à l’entreprise israélienne IMI Systems », ont précisé ces sources gouvernementales.
L’Espagne fait partie des pays qui ont rejeté la proposition du président américain Donald Trump d’expulser les Palestiniens de la bande de Gaza. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a souligné que « Gaza appartient au peuple palestinien qui y vit. Les Palestiniens doivent y rester et nous devons les aider à reconstruire une nouvelle vie. »
Albares a souligné que « les colonies illégales violent le droit international et ont été condamnées à plusieurs reprises par les Nations Unies ».
Source: Avec AFP