Deux organisations juives aux États-Unis ont mis en garde hier, samedi, contre le projet du gouvernement israélien d’occuper l’intégralité de la bande de Gaza, estimant que cela entraînerait des pertes importantes.
Dans un communiqué, le Comité juif américain a exprimé son inquiétude face aux attaques israéliennes contre la bande de Gaza et à sa décision d’étendre et de pérenniser l’occupation. Il a averti que cela pourrait entraîner des pertes importantes, aussi bien parmi les militaires israéliens que parmi les civils palestiniens.
Il a appelé à l’adhésion à la Déclaration de New York sur un règlement pacifique de la question palestinienne et à la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue au siège des Nations Unies du 28 au 30 juillet.
Même position de la part de l’Anti-Defamation League, une organisation non gouvernementale juive basée aux États-Unis. Elle a publié un communiqué exprimant son inquiétude face à la décision du gouvernement israélien d’occuper l’intégralité de la bande de Gaza.
Avertissant que cela aggraverait la situation humanitaire difficile des civils à Gaza, elle a souligné que « tous les Juifs ne devraient pas être tenus responsables des politiques et des décisions du gouvernement israélien ».
Israël : Manifestations et bagarres
Samedi, les médias israéliens ont rapporté que des bagarres ont éclaté entre la police israélienne et des manifestants à Tel-Aviv, qui exigeaient la fin de la guerre à Gaza et un accord d’échange des prisonniers.
Les manifestants ont bloqué l’autoroute Ayalon, principale autoroute de Tel-Aviv, et brûlé des pneus en signe de protestation contre le gouvernement.
Ils en colère ont également pris d’assaut les studios de Channel 13 lors de la diffusion d’une émission populaire.
La police montée a pourchassé les manifestants dans le centre de Tel-Aviv pour les empêcher de bloquer les principales artères de la ville.
Des arrestations parmi les manifestants ont aussi eu lieu dans le centre de Tel-Aviv.
Au même moment, des manifestants antigouvernementaux ont été menacés par des hommes armés israéliens d’extrême droite, ont rapporté des médias israéliens.
Les mères des captifs menacent Netanyahu
Par ailleurs, les mères de plusieurs captifs israéliens ont menacé samedi le Premier ministre Benjamin Netanyahu de poursuites judiciaires s’il mettait en œuvre son plan d’occupation du reste de Gaza, ce qui pourrait entraîner la mort de leurs fils retenus dans la bande de Gaza.
Lors d’un rassemblement de protestation dans le centre de Tel-Aviv, les mères ont exigé la fin de l’escalade militaire, avertissant que les mains de Netanyahu seraient « tachées du sang des personnes enlevées et des soldats » s’il persistait à mettre en œuvre son plan militaire à Gaza.
Elles ont appelé à une « grève générale qui paralyserait l’économie israélienne » afin de faire pression sur le gouvernement pour qu’il conclue un accord d’échange de prisonniers au lieu de poursuivre le plan d’occupation totale de la bande de Gaza.
La chaîne israélienne Channel 12 a rapporté les menaces de la mère du prisonnier Matan Zangauker à Netanyahu : « Si tu occupes Gaza et que les soldats kidnappés sont tués, nous te poursuivrons. Nous rappellerons chaque jour au peuple d’Israël que tu as préféré les tuer plutôt que de conclure un accord d’échange.»
La mère du prisonnier Matan Angrest a également lancé un appel au chef d’état-major israélien, Eyal Zamir, l’exhortant à rejeter tout ordre militaire susceptible de mettre en danger la vie des prisonniers, soulignant qu’il est « directement responsable de leur vie ».
Selon le quotidien israélien Yedioth Ahronoth, tous les chefs de sécurité israéliens ont rejeté le plan d’occupation de la bande de Gaza lors d’une réunion du cabinet de sécurité vendredi.
Selon la chaîne israélienne Channel 13, le gouvernement israélien va approuver dimanche le rappel de dizaines de milliers de soldats de réserve, après avoir précédemment approuvé un plan d’occupation de Gaza.
Netanyahu : il faut gagner
Ce dimanche, Netanyahu a déclaré « qu’il ne cherche pas à occuper la bande de Gaza mais à le libérer du Hamas »
Décrivant sa vision de l’après-guerre dans la bande de Gaza, dans une conférence de presse adressée aux médias étrangers, Netanyahu a indiqué que « Gaza sera démilitarisée. Israël aura la responsabilité première de la sécurité. Une zone de sécurité sera établie à la frontière entre Gaza et Israël, afin d’empêcher toute incursion terroriste à l’avenir. Une administration civile sera mise en place à Gaza, qui s’efforcera de vivre en paix avec Israël. Tel est notre plan pour l’après-Hamas. »
Il a exclu que l’Autorité palestinienne puisse prendre le pouvoir à Gaza et n’a plus évoqué l’option que des pays arabes le fassent, une option qu’il a présentée cette semaine, lors d’une interview avec la Fox News.
Il n’a pas non plus parlé du projet de la « Riviera du Moyen-Orient » pour la bande de Gaza, proposé par Donald Trump et qu’il avait applaudi.
Concernant les accusations d’imposer la politique de famine dans l’enclave palestinienne, rapportée par les médias étrangers, il les balayées de la main, les attribuant à « la propagande du Hamas », et s’engageant à poursuivre certains d’entre eux en justice.
Selon lui, pour les neutraliser, il faut gagner la guerre.
Tollé après la conférence de presse : une tromperie
« Les objectifs que vous avez présentés aujourd’hui lors de votre conférence de presse ne sont rien d’autre qu’une nouvelle manœuvre et une tromperie de l’opinion publique », ont répliqué les familles de captifs israéliens.
« Ce sont des conditions irréalistes, et leur véritable signification est de sacrifier les otages, et de continuer à mettre en danger la vie des soldats de l’occupation en vain ».
Le député Benny Gantz a commenté la plate-forme X en disant : « Beaucoup de mots, quelques actions, une perte de temps. »
Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a également attaqué les déclarations de Netanyahu, affirmant que « ce qu’il a avancé signifie la mort de otages. Ce à quoi nous avons assisté n’est pas une conférence de presse, mais une démonstration terrifiante d’un Premier ministre qui a remplacé la réalité par des images et des performances, et qui est à la tête d’un gouvernement minoritaire illégitime incapable de gérer.
Lapid a ajouté : « Cette mesure est un danger pour la sécurité d’Israël et n’a aucun but. Ce qu’il faut, c’est un accord qui rende tous les otages, et la remise de l’administration de Gaza à l’Égypte pour les années à venir. »
Le leader démocrate et général de réserve Yaïr Golan s’est joint aux critiques, écrivant : « Ce que nous avons vu ce soir n’est pas un pas vers la victoire, mais le plus grand échec de la sécurité dans l’histoire d’Israël. Après 22 mois de guerre, après ses promesses que nous sommes au bord de la victoire complète, et après 674 jours de souffrance des otages, Netanyahu déclare qu’il a ordonné à l’armée d’occupation d’éliminer le Hamas ! C’était comme si les soldats ne marchaient dans Gaza qu’aujourd’hui. »
« Un Premier ministre qui laisse des dizaines d’Israéliens mourir en captivité est un danger pour la sécurité de l’État. Netanyahu est incapable de remporter la victoire, et il ne libérera pas les otages. C’est un échec complet, et Israël ne sera victorieux qu’avec son départ et son gouvernement », a-t-il dit aussi.
Le chef du parti Israël Beiteinu, Avigdor Lieberman, a écrit un commentaire sur la conférence de presse : « Le Premier ministre du gouvernement du 7 octobre continue de mentir effrontément et de sacrifier des otages afin de préserver sa coalition au pouvoir. »
Source: Divers