Les responsables russes sont revenus ce mercredi 19 avril sur la frappe américaine contre une base militaire syrienne et la présumée attaque chimique qui l’avait précédée.
Selon le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, l’escalade du conflit dans la région pourrait provoquer la destruction de l’État syrien et paver la voie à une victoire du terrorisme.
Alors que pour le ministre des affaires étrangères, Serguei Lavrov , Moscou s’attend à d’autres « provocations similaires » à celle de la présumée attaque chimique et donc à d’autres frappes américaines.
Les États-Unis ont effectué, dans la nuit du 6 au 7 avril, une frappe de missiles contre une base militaire dans la province de Homs. Ils avaient auparavant accusé le gouvernement de Bachar el-Assad d’avoir eu recours à des armes chimiques à Khan Cheikhoun, dans la province d’Idleb.
Laisser les mains libres aux terroristes
« Les frappes américaines en Syrie ont laissé les mains libres aux terroristes », a déclaré ce mercredi le Premier ministre russe Dmitri Medvedev devant les députés de la Douma (Chambre basse du parlement russe), rapporte l’agence russe Sputnik.
L’aéroport militaire d’al-Chaayrate qui a été la cible de 23 missiles américains Tomahawks sur les 59 tirés est utilisé par l’aviation syrienne pour bombarder les positions de la milice wahhabite terroriste Daesh à Deir Ezzor et Raqqa.
« Que va-t-il arriver? Nous ne le savons pas. Mais je sais exactement qui a bénéficié de cet acte d’agression. Qui? Daech! Parce que dans ce cas, cette décision (de porter des frappes contre la Syrie, ndlr.) leur a laissé les mains libres », a déclaré Dmitri Medvedev.
Selon le Premier ministre russe , Washington lutte contre le pouvoir politique en Syrie et non contre le terrorisme.
« Que voyons-nous? La première action mise en œuvre par la nouvelle administration américaine sur la direction syrienne, c’est une frappe contre les forces gouvernementales. Autrement dit, la lutte est lancée non contre les terroristes, mais contre les autorités politiques syriennes. Que cela plaise ou non aux Américains, c’est le pouvoir politique, mieux encore, c’est le pouvoir politique légal que nous devons tous prendre en considération », a-t-il ajouté.
Toujours selon M. Medvedev, la frappe américaine contre la base militaire syrienne constitue un «acte d’agression militaire» visant en premier lieu à nuire au règlement pacifique du conflit au Proche-Orient.
Quant à la présumée attaque chimique dans la province d’Idlib, il l’a qualifiée de « provocation planifiée ». « Que s’est-il donc passé dans la province d’Idlib? Forcément, il s’agit d’une grande provocation bien élaborée, qui a déjà porté ses fruits, y compris semble-t-il à l’administration américaine », a-t-il soupçonné.
Le 4 avril, un raid syrien contre une position des miliciens dans la localité de Khan Cheikhoun avait été suivi par une intoxication chimique qui aurait causé la mort de plus de 80 personnes, selon des sources de l’insurrection.
« Mais il est évident que l’escalade de violence ne fera qu’entraîner la destruction de l’État syrien, son morcèlement et la victoire, au moins partielle, des terroristes », a tenu à souligner M. Medvedev.
« Au regard du droit international, tout ce qu’ont fait les États-Unis constitue sans aucun doute un acte d’agression militaire », a-t-il conclu.
D’autres provocations en vue?
Pour le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, Moscou appréhende des tentatives de provocations similaires au récent incident impliquant des armes chimiques dans la province d’Idlib .
« Nous observons ces derniers temps des tentatives d’organiser des provocations similaires à celle qui a eu lieu le 4 avril dans la province d’Idlib, où des substances chimiques toxiques ont été utilisées, et qui a été suivie d’une frappe illégale des États-Unis contre un aérodrome syrien », a-t-il indiqué.
Suite à cet incident, « des voix se sont immédiatement élevées pour évoquer la nécessité de passer des négociations au renversement du régime », a poursuivi M. Lavrov, selon Sputnik.