Plus que jamais, l’Iran constitue la bête noire du royaume wahhabite. Et les Yéménites aussi.
Les propos du puissant vice-prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, dans une interview diffusée mardi soir, ne trompent personne.
Selon l’AFP, il a de nouveau a exclu tout rapprochement avec l’Iran, qu’il a accusé de vouloir dominer le monde musulman, et défendu la guerre que son pays contre le Yémen, avec le soutien des Etats-Unis.
« Comment peut-on s’entendre avec un régime qui a une idéologie extrémiste (…) et une volonté profonde de dominer le monde musulman et d’y répandre la confession chiite ? », s’est demandé le responsable qui est également ministre de la Défense et s’empare de plus en plus des rouages du pouvoir.
A plusieurs occasions, des responsables iraniens ont répondu à cette accusation, en accusant à leur tour Ryad de vouloir camoufler ses efforts énormes destinés à « wahhabiser » le monde islamique.
Sachant que le wahhabisme qui est la religion d’Etat dans cette monarchie répudie les chiites et les soufis et légitime leur mise à mort.
Il constitue l’école islamique la plus rigoriste, d’autant qu’il inspire les organisations les plus sanguinaires, dont Al-Qaïda et Daesh.
Interrogé sur la télévision saoudienne MBC sur la possibilité d’un rapprochement avec l’Iran, il a estimé qu' »il n’existe pas de points de convergence avec le régime » iranien qui a, selon lui, pour « principal objectif » de nuire à l’Arabie saoudite.
Selon lui, l’Iran n’avait jamais été sincère envers son pays et que toutes ses tentatives de rapprochement avaient été des « comédies ».
Depuis la révolution islamique en Iran, et l’affront infligé aux Etats-Unis en destituant leur protégé le shah, l’Arabie s’est impliqué dans des actions très nuisibles contre l’Iran. Elle a soutenu la guerre menée par le dictateur irakien déchu Saddam Hussein contre ce pays pendant 8 années. Entre temps, elle a commis en terre sainte et durant le pèlerinage un massacre contre les pèlerins iraniens en 1987.
Lors du Hajj en 2015, il y a une bousculade aux origines inconnues qui a coûté la vie à 464 Iraniens sur les plus de 2.300 fidèles qui y ont péri.
L’Arabie saoudite a rompu il y a un an ses relations diplomatiques avec l’Iran, qu’elle accuse d’ingérence dans les affaires des pays arabes et d’attiser les conflits en Syrie, en Irak, au Yémen et à Bahreïn.
Téhéran avait critiqué Riyad pour avoir exécuté le religieux chiite cheikh Nimr qui avait réclamé des réformes politiques dans cette monarchie régie par la dynastie des Saoud depuis plus d’un siècle
Sur le Yémen, le prince saoudien a assuré que son pays n’avait pas d’autre choix que d’intervenir militairement pour soutenir le président Abd Rabbo Mansour Hadi. Ce dernier est contesté par d’importants pans de la population yéménite, dont le mouvement Ansarullah qui compte des millions de partisans sans compter les partisans de l’ancien président Ali Abdallah Saleh.
« Il y a eu un complot contre le pouvoir légitime et l’émergence de milices terroristes qui menaçaient la navigation maritime internationale », en mer Rouge a dit le prince saoudien.
L’Arabie mène depuis deux ans une guerre contre ce plus pauvre pays arabe et lui impose un blocus qui menace de famine des millions de sa population n’arrive toujours pas à déloger les rebelles houthis et les unités de l’armée fidèle à Saleh des zones qu’ils ont conquises.
« On peut déraciner en quelques jours les Houthis et leur allié (l’ancien président Ali Abdallah) Saleh, mais le coût serait des milliers de morts parmi nos soldats et celui des pertes parmi les civiles au Yémen trop élevé ».
Une « guerre de longue haleine est dans notre intérêt », a souligné le prince saoudien, affirmant que la coalition arabe que dirige l’Arabie saoudite au Yémen avait l’avantage de pouvoir s’approvisionner en armes et en munitions et de financer ses opérations.
Malgré le grand déséquilibre des forces à l’avantage de Riyad, les houthis et les militaires yéménites arrivent cependant à infliger des pertes importantes aux militaires saoudiens, jusque dans le sud du royaume.