Alors que le monde entier est préoccupé par les élections présidentielles françaises, les civils des villages de Fouaa et Kafraya en Syrie souffrent encore et toujours le martyr.
Lorsque nous cherchons dans un moteur de recherche français les mots: « Fouaa et Kafraya », nous ne trouvons pas beaucoup d’informations.
Pourtant ces deux localités syriennes de la région d’Idlib sont encerclées depuis le 29 mars 2015 par des groupes terroristes appartenant à l’organisation Jaych Al-Cham, pratiquant envers les habitants toutes sortes d’agressions, les privant de leurs droits les plus élémentaires, coupant l’eau, l’électricité, et interdisant l’entrée des secours et le ravitaillement en médicaments, sans oublier les bombardements quotidiens des deux villages par plusieurs sortes d’obus et de missiles.
A titre d’exemple, l’hôpital central de Foua et Kafraya a été détruit sur la tête de ses pensionnaires.
Majed Hatmi, journaliste syrien, affirme que : « Les terroristes ont bombardé les habitations civiles, les écoles, les mosquées, les hôpitaux, les champs cultivables, avec des mortiers et des obus de toutes sortes, les mettant hors d’état de fonctionner. Tandis que les snipers tirent sur le bétail afin d’empêcher les habitants de les exploiter. »
Le cas de Fouaa et Kafraya révèle au grand jour plusieurs aspects de la pensée islamiste radicale, d’obédience wahhabite qui se propage au Moyen-Orient, visant les minorités de la région.
Le seul tort des habitants de Fouaa et Kafraya est leur appartenance à l’islam chiite. Pourtant, rares sont les médias qui évoquent ce grave problème. La toile regorge d’affreux récits, qui ne peuvent qu’être condamnés par les conventions et les instances internationales.
Récemment, l’État syrien est arrivé à un accord d’échange des combattants enfermés dans les localités de Madaya et Zabadani encerclés à leur tour par l’armée syrienne, contre une grande partie des habitants de Fouaa et Kafraya.
Le fait de l’encerclement des quatre localités est quasiment le même, la différence étant dans le comportement des forces qui bloquent les accès des villages en question. D’après les données du terrain, les habitants et les combattants enfermés à Madaya et Zabadani n’ont pas subi le même sort que ceux de Fouaa et Kafraya. Ce qui est malheureux, c’est la situation des civils qui deviennent une monnaie d’échange et un moyen de chantage entre les deux parties.
Toutefois, lors de l’opération d’échange, les combattants de Jaych Al-Cham et leurs alliés n’ont pas cessé leurs intimidations en retardant à plusieurs reprises les convois sortant de Fouaa et Kafraya, tirant sur les bus à multiples reprises, blessant plusieurs civils.
Le 15 avril 2017, un grave incident a eu lieu lors d’une halte au quartier d’El-Rachidine à Alep. Tandis que les secouristes turcs rassemblaient les enfants afin de leur distribuer de la nourriture, une voiture piégée a explosé parmi eux faisant 126 morts dont 68 enfants.
Cet acte abject révèle la défaillance volontaire des groupes armés de protéger les civils de Fouaa et Kafraya, comme stipulé dans l’accord avec le gouvernement Syrien. Toutefois, deux cent personnes ont disparu au passage de Bab Al-Hawa et en Turquie. Elles faisaient partie des civils de Fouaa et Kafraya qui ont été blessés et transférés par les ambulances turques vers des hôpitaux de campagne. Les groupuscules armés refusent catégoriquement de les ramener vers les zones contrôlées par le gouvernement syrien.
Tout cela pose la question des intentions et du sérieux des groupes armés à trouver des solutions non militaires et moins violentes pour régler les choses.
Les condamnations de la communauté Internationale se font très timides et sans aucun poids pertinent. Pourquoi les enfants de Foua et Kafraya tués avec une lâcheté sans précédent ne provoquent-ils pas une réunion à l’ONU et une enquête internationale ?
Certes, des enfants morts intoxiqués au gaz sarin suscitent plus d’émotions, mais le fait que des innocents qui n’ont rien demandé d’autre que de vivre en paix, se fassent tuer parce que les garants de leur sécurité ont été plus au moins volontairement défaillants, demeure aussi quelque chose d’horrible.
Les condamnations de la communauté internationale ont été plus timides que pour les évènements de Khan Cheikhoune pour lesquels l’enquête piétine, pour lesquels le déroulement des faits est douteux, où les avis des experts se font moins tranchants. L’évocation du massacre des enfants de Fouaa et Kafraya est moins relayée dans les médias de tous bords.
Toutefois, deux massacres ont été perpétrés. Deux massacres envers des civils qui méritent une enquête internationale pour crimes de guerre.
La communauté internationale rechignerait-elle à établir la vérité, perdue depuis longtemps au Moyen-Orient notamment en Syrie ?
Par Antoine Charpentier