Second tour à couteaux tirés entre un jeune centriste jamais élu et une extrême droite très offensive, premier tour à suspense marqué par l’élimination des grands partis traditionnels, ténors politiques battus aux primaires… jamais une campagne présidentielle française n’avait connu autant de rebondissements.
Duel final offensif
Depuis leur qualification pour le second tour, le centriste Emmanuel Macron et la candidate d’extrême droite Marine Le Pen se sont rendus coup pour coup, avec des invectives mercredi dernier pendant le débat télévisé de l’entre-deux-tours, des attaques lors des meetings, des déplacements surprises.
Emmanuel Macron, 39 ans, 24,01% des voix au premier tour, s’est lancé dans l’arène mi-novembre, sans expérience électorale, avec un mouvement créé quelques mois plus tôt. Ex-ministre de l’Economie de François Hollande et ancien banquier d’affaires, le benjamin des candidats a suscité d’abord les railleries avant de contredire tous ceux qui prédisaient l’éclatement d’une « bulle médiatique ».
Marine Le Pen, 48 ans, au plus haut des enquêtes d’opinion depuis des mois, a recueilli 21,3% des voix au premier tour, portant ainsi pour la seconde fois l’extrême droite au second tour d’une présidentielle, après son père Jean-Marie Le Pen en 2002.
Tous les sondages donnent Emmanuel Macron largement favori pour le second tour dimanche (avec plus de 60% des voix) mais le vote surprise en faveur du Brexit ou la victoire inattendue de Donald Trump aux Etats-Unis incitent à la prudence vis-à-vis des enquêtes d’opinion.
Les partis traditionnels disqualifiés
Première dans l’histoire politique de l’après-guerre en France, aucun des deux grands partis traditionnels, à gauche, le Parti socialiste (PS) et à droite, les Républicains, n’est présent au second tour.
Arrivé troisième au premier tour (20,01%), le candidat conservateur François Fillon a vu sa campagne plombée par un scandale autour des emplois fictifs présumés au profit de sa famille, révélés fin janvier par l’hebdomadaire Le Canard enchaîné.
La sanction a été encore plus rude pour le PS. Son candidat, Benoît Hamon, n’a récolté que 6,36% des voix, largement devancé par le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, qui a réussi à se hisser en quatrième position du scrutin (19,58%).
Le premier tour a laissé apparaître une fracture entre « perdants » et « gagnants » de la mondialisation, une France écartelée entre quatre camps, représentés par le quatuor de candidats arrivé en tête (centre, extrême droite, droite, gauche radicale). Si un tel résultat se confirmait aux législatives, il sonnerait le glas du bipartisme et rendrait difficile la constitution d’une majorité à l’Assemblée.
Le vote anti-Europe
La thématique européenne aura incontestablement animé cette campagne et stimulé les passions lors des débats télévisés entre les candidats.
Le 23 avril 2017, près de la moitié des électeurs se sont prononcés pour des candidats eurosceptiques voire hostiles à l’Union européenne. L’extrême droite et la gauche radicale ont fait largement campagne sur ce thème. Le président socialiste François Hollande a affirmé que le second tour serait un choix « européen ».
Primaires: élimination des favoris
Avant l’élimination des partis traditionnels de la course présidentielle, les primaires organisées par ces mêmes partis ont vu émerger des candidats inattendus, disqualifiant les grands ténors, tels à droite l’ancien président Nicolas Sarkozy, l’ex-Premier ministre Alain Juppé, longtemps favori, ou à gauche l’ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls.
Renoncement d’un président impopulaire
Le 1er décembre 2016, François Hollande renonce à briguer un second mandat.
Très impopulaire, le chef d’Etat explique vouloir éviter une déroute de la gauche face à la droite et l’extrême droite. C’est la première fois depuis 1958 que le président sortant ne brigue pas un second mandat.
Source: AFP