A l’heure de l’écriture de cet article, la relation entre l’Arabie saoudite et le Qatar est le moins que l’on puisse dire bien empoisonnée et tous les sites des médias qataris, dont la télévision al-Jazeera ont été bloqués par Ryad
Depuis la nuit de mardi à mercredi, et par médias et analystes interposés, l’Arabie mène une campagne sans merci contre le prince qatari, Tamim Ben Hamad, l’accusant d’avoir exploité les capacités de son pays pour soutenir les groupes intégristes.
Le déclencheur direct de cette campagne a été les déclarations attribuées au prince qatari, et dans lesquelles il a critiqué l’hostilité qui a été affichée contre l’Iran lors du sommet de Ryad, dimanche dernier, après avoir répliqué aux accusations de soutien au terrorisme proférées contre son pays.
« L’Iran constitue un poids régional et islamique qui ne peut être ignoré», aurait-il dit selon l’agence officielle qatarie QNA, lors d’une cérémonie de remise des diplômes des recrus de l’armée.
Le prince qatari aurait ajouté aussi en parlant de l’Iran : « c’est une grande puissance qui peut garantir la stabilité de la région ». Tout en assurant que son pays « veille à collaborer avec l’Iran pour la stabilité des Etats voisins,.., et a réussi à tisser des relations fortes aussi bien avec les Etats-Unis qu’avec l’Iran en même temps ». Durant le sommet de Ryad, les deux dirigeants saoudien et américain avaient consacré leur discours pour critiquer violemment
Dans le discours, cheikh Tamim répliquait surtout aux accusations proférées contre son pays d’avoir soutenu le terrorisme.
« Le danger réel réside dans le comportement de certains gouvernements qui ont causé le terrorisme en adoptant une version rigoriste de l’Islam qui n’illustre pas sa nature clémente et qui n’ont pu que décréter des classifications qui condamne toute action juste », aurait-il signifié, comme le rapporte la chaine de télévision saoudienne Al-Arabiyat.
Estimant que « personne ne doit nous accuser de terrorisme parce qu’il a décidé de classer les Frères Musulmans parmi les organisations terroristes ou pour avoir refusé le rôle de la résistance joué par le Hamas et le Hezbollah », il a demandé à des pays comme l’Egypte et les Emirats arabes Unis de réviser les positions hostiles au Qatar. Le prince a même mis en garde qu’il se réserve le droit de poursuivre en justice les Etats et les organisations qui sont derriere cette campagne.
Mêmes les démentis publiés aussitôt n’ont pu apaiser le tollé soulevé dans les médias saoudiens (et émiratis par extension), ni les déclarations qataries que le site de l’agence a été victime d’un piratage et qu’une enquête a été lancée .
« Les allégations de piratage de l’agence de presse qatarie ne sont pas logiques. Le fait que cette information a été diffusée sur toutes les tribunes qataries les sapent », a soutenu ce matin le journal saoudien Al-Watan.
« Nul doute que les tentatives de déni de la part du Qatar seront vaines. Le sujet est claire depuis le début », a écrit pour sa part la chaine saoudienne pro régime al-Ikhbariyyat.
Ces démentis sont d’autant plus suspects pour les saoudiens que l’agence qatari avait aussi rendu compte que Manama allait retirer ses ambassadeurs dans cinq pays, l’Arabie saoudite, l’Egypte, les EAU, le Koweït, et le Bahreïn, et expulser les ambassadeurs de ces pays chez elle.
En répliquant qu’il n’a pas dit retrait ou expulsion des ambassadeurs et que ses propos ont été retirés de leur contexte, le ministre qatari des AE Mohammad Ben Abdel Rahmane Al-Thani n’a fait qu’attiser les accusations.
« La magie s’est retournée contre le magicien de nouveau au Qatar, lequel a toujours mené des campagnes contre plusieurs Etats, et dont la plupart des victimes ont été ses voisins », a ironisé le site d’al-Arabiyat, fer de lance de la campagne contre Manama depuis la nuit de mardi.
La télévision saoudienne s’est surtout arrêtée sur les menaces du prince qatari de vouloir poursuivre en justice ceux qui sont derrière la campagne d’accusation de terrorisme contre son pays. Rappelant au prince qatari que ces accusations ont émané de la part de ses alliés, en l’occurrence la Grande Bretagne et les Etats-Unis, et l’accusant de servir les agendas des organisations qu’il a défendues dans son discours.
« Le Qatar s’est consacré pendant de longues années pour être la voix des groupes extrémistes, dont Al-Qaïda, en transmettant ses messages au monde, dont ceux qui sont codifiés, en plus de sa contribution dans le redistribution des cartes dans la région après les révolutions qui ont éclaté depuis 6 ans, en prenant position au côté des groupes extrémistes ayant des liens avec des organisations islamiques armées ou en procurant de l’aide aux Frères Musulmans pour accéder au pouvoir aussi bien en Tunisie, qu’en Egypte et en Libye », lui reproche aussi le site de la télévision saoudienne, dans ce qui semble être un réquisitoire prononcé au nom des autorités saoudiennes.
Sortie renforcée d’un soutien américain sans faille, qui lui a couté énormément cher d’ailleurs, Ryad fait de plus en plus preuve d’une irritabilité exagérée qui ne touche pas seulement son adversaire iranien proclamé, mais aussi ses voisins arabes et islamiques. De part et d’autre, elle ne saurait dissimuler ses velléités hégémoniques, mais qui expliquent tout son comportement, mais jamais avouées.
Source: Divers