Avec l’exacerbation de la crise entre l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis d’une part et le Qatar de l’autre, on se figure qu’un renversement de régime qatari serait fomenté par les deux premiers pays, en prélude au partage de la gouvernance dans la péninsule arabe.
Certes, Mohammad ben Zayed (Emirats) et Mohammad ben Salmane (Arabie Saoudite) aspirent à dominer la région du Golfe. Outre son pays, le premier rêve de gouverner le sultanat d’Oman et le sud du Yémen. Quant à ben Salmane, il aspire à être le roi de l’Arabie Saoudite à laquelle devraient être annexés le nord du Yémen, le Qatar, Bahreïn et le Koweit.
D’après des fuites révélées par le journal libanais al-Akhbar, les deux Mohammad évoquent de prochains changements. Il s’agit en premier lieu d’isoler le gouvernement du Qatar sur le plan arabe et golfique, de s’assurer une levée de la couverture occidentale qui protégeait cet « émirat voyou », et d’un transport de la base militaire US du Qatar à Abou Dhabi.
Ensuite, une base similaire serait construite en Arabie Saoudite, dans le but de dominer tous les gouvernements de la péninsule sans avoir besoin du conseil élargi des pays du Golfe.
De l’autre côté, le Qatar parait comme une victime contre laquelle complotent les acteurs proches et lointains. Il ressemble à un bon homme qui rejette l’hégémonie des méchants dans les royaumes de l’oppression.
D’aucuns oublient ou feignent oublier les graves erreurs commises par le Qatar dans le but de l’exempter de toute sanction.
Nul n’ignore que les gouverneurs du Qatar sont face à un grand problème avec les Saoud, depuis le coup d’Etat contre ce pays. Un problème qui s’est compliqué davantage avec le soutien qatari aux Frères musulmans. Ceci ne signifie pas que la force du Qatar ait épuisé ses propres potentiels.
La distinction du Qatar remonte tout simplement à la première réunion qui a rassemblé il y a 25 ans l’ancien prince qatari et l’ancien Premier ministre israélien Shimon Peres dans un hôtel à Washington.
Depuis, le feu vert a été donné aux gouverneurs du Qatar pour obliger les autres émirats à faire des concessions.
Même lorsque le Qatar s’est tenu aux côtés de la lutte des Palestiniens et des Libanais contre l’occupation israélienne, il aurait agi avec l’accord implicite des Américains qui étaient à la recherche d’une partie arabe capable de communiquer avec « ces terroristes » !
Quand bien même que les deux Mohammad ont décidé, avce l’aide de certaines ailes gouvernantes aux Etats-Unis, d’isoler le Qatar et de renverser son régime, le Qatar mise sur d’autres ailes qui le soutiennent dans les pays occidentaux.
Des sources au Qatar évoquent de nouvelles surprises dans l’avenir proche, comme la destitution du président US Donald Trump, le versement de grosses sommes d’argent pour « acheter » le silence de l’Occident, ou encore une entente parrainée par l’Occident entre le Qatar et l’Arabie Saoudite.
Dans ce contexte, on ne doit oublier que les deux Mohammad exposent la région du Golfe à un grand danger et menacent leurs propres peuples.
Partant de là, le Qatar a besoin d’une révision sérieuse de ses politiques et non seulement d’une simple manœuvre destinée à attirer la sympathie de telle ou telle partie… Il faut rappeler aux responsables qataris qu’ils ne possèdent pas les capacités réelles qui leur permetent de jouer un véritable rôle de leadership régional, ni l’héritage démocratique qui leur accorde le droit de juger tel ou tel dirigeant.
Le Qatar ne puise pas sa force de ses propres potentiels culturel, ou constitutionnel afin de décider du sort du pouvoir en Egypte, en Syrie, en Jordanie ou en Palestine .
Une simple déclaration politique de la part d’un pays régional ou international est capable l’ébranler !
Das cet émirat en guerre contre les deux Mohammad, d’aucuns en appellent à éviter toute témérité , à baisser l’échine face à la tempête, à suivre une politique d’austérité dans la politique monétaire et à oeuvrer avec patience pour gagner le consentement des grands de ce monde, tout en jouant le rôle de la victime parmi les Arabes et les Musulmans…
Seule une révision sincère de ses politiques permet au Qatar de sauver la tête dans cette période de grands bouleversements.
Par Ibrahim al-Amine: rédacteur en chef du journal al-Akhbar.
Traduit par la rédaction de notre site
Source: traduit du site al-Akhbar