La Corée du Nord a tiré un nouveau missile balistique mardi, provoquant une vive réaction du président américain Donald Trump qui a demandé sur Twitter à Pékin de « mettre fin à cette absurdité une bonne fois pour toutes ».
Ce nouveau tir est intervenu le jour de la fête de l’indépendance américaine, quelques jours après un premier sommet entre les présidents américain et sud-coréen consacré à la menace nord-coréenne.
Il s’inscrit dans une longue série d’essais de missiles en violation de nombreuses résolutions internationales qui, assorties de sanctions, interdisent à Pyongyang de développer ses programmes balistique et nucléaire.
Ce « missile balistique non identifié » a été lancé depuis un site proche de Banghyon, dans la province de Phyongan Nord, frontalière de la Chine, a indiqué l’état-major interarmes sud-coréen dans un communiqué.
L’engin est tombé en mer Orientale, appellation coréenne de la mer du Japon.
L’armée américaine a affirmé qu’il s’agissait d’un projectile de portée intermédiaire. Il a selon l’armée sud-coréenne parcouru « plus de 930 kilomètres ».
L’engin pourrait être tombé dans la zone économique exclusive nippone, soit à moins de 200 milles nautiques des côtes du Japon, a déclaré à l’AFP une porte-parole du ministère japonais de la Défense.
Le porte-parole du gouvernement japonais Yoshihide Suga a affirmé de son côté que le missile avait volé « pendant environ 40 minutes », ce qui est une durée inhabituellement longue.
‘Rien de mieux à faire ?’
« La Corée du Nord vient juste de lancer un autre missile. Ce type n’a-t-il rien de mieux à faire de sa vie ? », a interrogé le président américain sur Twitter.
« Difficile de croire que la Corée du Sud et le Japon toléreront cela très longtemps. Peut-être que la Chine va faire un geste fort au sujet de la Corée du Nord et mettre fin à cette absurdité une bonne fois pour toutes! », a-t-il ajouté.
« Ce tir montre clairement que la menace a augmenté », a déclaré de son côté aux journalistes le Premier ministre japonais Shinzo Abe.
Les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon se réuniront cette semaine en marge du G20, a-t-il ajouté: « J’encourage aussi le président (chinois) Xi Jinping et le président (russe Vladimir) Poutine à prendre davantage de mesures constructives », a-t-il poursuivi.
Pyongyang, qui ambitionne ouvertement de se doter de missiles intercontinentaux capables de porter le feu nucléaire sur le sol américain, justifie ses programmes militaires par la menace américaine.
‘Feu d’artifice’
Le nouveau président sud-coréen Moon Jae-In a convoqué son Conseil de sécurité nationale en réponse à ce nouveau tir.
Donald Trump a lancé vendredi une mise en garde au régime « dangereux et brutal » de Corée du Nord, affirmant que le temps de la patience était révolu, mais restant évasif sur sa stratégie.
Recevant pour la première fois dans le Bureau ovale M. Moon, qui plaide pour une forme d’ouverture face à son voisin du nord, M. Trump n’a exclu aucune hypothèse, soulignant qu’il disposait de « nombreuses options » pour répondre aux programmes nucléaire et balistique de ce pays.
« La patience stratégique avec le régime nord-coréen a échoué. Honnêtement, la patience est terminée », a déclaré M. Trump lors d’une déclaration depuis les jardins de la Maison Blanche.
Le président américain s’est également entretenu lundi séparément par téléphone avec MM. Xi et Abe.
Shea Cotton, du Centre James Martin pour les études sur la non-prolifération, basé aux Etats-Unis, a estimé que ce nouveau lancement était destiné à marquer la fête nationale américaine.
« C’est déjà le 4 juillet en Corée du Nord », a-t-il dit sur Twitter. « Je soupçonne qu’ils tirent aujourd’hui un feu d’artifice à cause de ça. »
Quelque 28.000 soldats américains sont déployés en Corée du Sud face à la Corée du Nord. Le dernier test de missile nord-coréen remontait au 8 juin, avec un missile de croisière sol-mer.
La crise avec la Corée du Nord peut devenir « hors de contrôle »
Lundi, l’ambassadeur de Chine à l’ONU a mis en garde contre des conséquences « désastreuses » si les grandes puissances ne parviennent pas à apaiser la crise avec la Corée du Nord qui pourrait devenir « hors de contrôle ».
L’ambassadeur Liu Jieyi a fait ces remarques au lendemain d’un entretien téléphonique entre le président américain Donald Trump son homologue chinois Xi Jinping, sur la menace posée par les programmes balistique et nucléaire de la Corée du Nord.
« Les tensions sont fortes et nous aimerions certainement voir une désescalade », a-t-il indiqué au cours d’une conférence de presse marquant le début de la présidence chinoise du Conseil de sécurité pour le mois de juillet.
« Si la tension ne fait que monter, tôt ou tard, (la situation) sera hors de contrôle et les conséquences seraient désastreuses », a-t-il ajouté.
La Chine pousse à des négociations sur le démantèlement du programme nucléaire de la Corée du Nord après que son allié a effectué deux tests nucléaires l’année dernière et une série de tests de missiles balistiques.
Pékin a proposé sans succès un gel des programmes militaires de Pyongyang en échange d’une suspension des exercices militaires conjoints des Etats-Unis et de la Corée du Sud.
Décrivant la crise avec la Corée du Nord comme « très, très grave », M. Liu a estimé que les « autres parties » devraient être « mieux disposées à accepter et à soutenir ces propositions ».
« Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre trop longtemps avant la mise en place d’un dialogue », a-t-il poursuivi.
Signe d’un changement de ton possible avec la Chine, le département du Trésor américain a imposé la semaine dernière des sanctions à la Banque chinoise Bank of Dandong, en raison de ces liens avec la Corée du Nord.
Deux ressortissants chinois accusés de faciliter le développement d’armes de destruction massive et une société désignée pour avoir fait passer des marchandises de luxe en contrebande vers la Corée du Nord, ont également été sanctionnés.
Source: Avec AFP