Le porte-parole du Hached-Chaabi, le groupe armé supplétif de l’armée irakienne formé de jeunes volontaires Youssef al-Kallabi a violemment répliqué aux déclarations turques et saoudiennes selon lesquelles ces forces ne doivent pas participer à la bataille de libération de Mossoul de Daesh
S’exprimant via la chaine de télévision arabophone al-Mayadeen, Kallabi a rappelé que le Hached « représente tout l’Irak et non une de ses communautés, qu’il est irakien à 100% et prend son budget de l’Etat irakien ».
En réponse aux propos sectaires lancés par les deux chefs de la diplomatie turque et saoudienne à Riyad, jeudi 13-10-2016, reprochant au Hached d’être exclusivement formé d’Irakiens chiites, il a rappelé que ce groupe « elle compte dans ses rangs plus de 20 mille irakiens originaires de Mossoul ». Cette ville est le fief de la province de Ninive, qui compte dans sa population aussi bien des Arabes sunnites que des yazidis et des chrétiens.
A noter que cette organisation paramilitaire a été fondée au lendemain de l’effondrement des unités de l’armée irakienne après la chute de Ninive et d’al-Anbar entre les mains de Daesh.
D’un ton dramatisant, et depuis Riyad, le ministre des AE saoudien Adel al-Jubaïr a mis en garde contre « une catastrophe » si le Hached prend part aux combats à Mossoul.
« Concernant le Hached al-Chaabi, c’est l’institution d’une milice sectaire qui appartient à l’Iran et qui a commis de nombreux crimes dans plusieurs endroits en Irak. Si elle rentre à Mossoul, ce sera la catastrophe », a-t-il dit lors d’une conférence de presse avec son homologue turc Mouloud Jawish Ihsanoglu. Celui a tenu la même rhétorique, mettant en garde contre la prise de contrôle de Mossoul par le Hached al-Chaabi .
Selon Kallabi, les propos turcs et saoudiens relèvent « du pure mensonge matraqué à propulsion pour tromper les gens,…, et la riposte se fera sur le terrain ».
Mossoul, dans le collimateur turc
Selon le journaliste et analyste turc Daniel Abdel Fattah, l’escalade verbale turque concernant la bataille de Mossoul fait exprès d’adopter la thématique sectaire mettant de l’avant une soi-disant menace chiite pour les sunnites en Irak.
« Lorsque le président Erdogan a dit au Premier ministre irakien Abadi qui es-tu pour me parler ainsi… ce n’est pas un homme comme toi qui me parle ainsi… il s’adressait à lui en tant qu’un sunnite à l’encontre d’un chiite», a-t-il expliqué à partir du plateau d’al-Mayadeen, dans le cadre de son programme hebdomadaire « Jeu des Nations ».
D’après ce journaliste arabophone, cette tension voulue par Ankara revient aux velléités expansionnistes du président turc Recep Tayyip Erdogan et de son parti Justice et développement qui considèrent la province de Ninive comme partie intégrante de l’Etat turc qui lui a été – injustement dans le cadre des accords de Lausanne en 1923.
Abdel Fattah a rappelé aussi que la conquête de Mossoul par Daesh en juin 2014 avait été planifiée et facilitée par les Turcs. « Les 200 véhicules qui ont investi Mossoul étaient entrés de la Turquie en passant par Tal-Abyad en Syrie… Et puis il y a eu l’affaire mascarade de la prise d’otages des employés turcs dans le consulat de Turquie à Mossoul et en fonction de laquelle Ankara a livré une cinquantaine de chars en échange de leur soi-disant libération », a-t-il révélé.
Toujours selon Abdel Fattah, même la débandade de l’armée à Mossoul avait été planifié par les deux opposants irakiens Tarek al-Hachemi et Oussama al-Noujayfi. Lors de l’invasion de cette province par Daesh, les deux généraux qui y commandaient les forces régulières avaient obéi à leur sommation de laisser passer la milice wahhabite takfiriste, a aussi affirmé le journaliste turc.
Hachemi avait fui en Turquie, après voir été éclaboussé dans des affaires de corruption et devait être traduit en justice. Quant au second, il est connu pour ses affinités avec la Turquie, d’autant qu’historiquement, sa famille, d’origine turque, a toujours appelé à lui rallier Mossoul.
Depuis décembre 2015, Erdogan a dépêché une unité de chars turcs non loin de Mossoul, arguant avoir obtenu le feu vert des dirigeants du Kurdistan irakien.
Quoique ces derniers n’ont pas les prérogatives de décider du sort de Mossoul, et malgré les protestations de Bagdad, Ankara persévère dans son agression. Elle a stationné le principal de ses forces dans la localité à majorité yazidie de Baachika, situé à 12 km au nord-ouest de Mossoul. Ses forces sont disséminées dans au moins 10 régions irakiennes.
Source: Divers