Des combats opposant vendredi l’armée syrienne à des miliciens takfiristes et leurs alliés aux portes de la province d’Idleb ont fait des dizaines de morts, alors que près de Damas, des combattants étaient évacués de la région de la Ghouta occidentale.
Les forces gouvernementales, appuyées par l’aviation de la Russie, alliée de Damas, avaient lancé lundi une opération à la périphérie de la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, s’emparant de plusieurs villages et localités.
La province d’Idleb est aujourd’hui dans sa quasi-totalité sous contrôle du Front Fateh al-Cham, branche syrienne d’Al-Qaïda. Des groupes rebelles y sont aussi présents.
Le sud-est de la province « est visé par des bombardements d’une violence sans précédent depuis des mois » de la part des avions syriens et russes, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Le but immédiat de l’armée est de s’emparer du sud-est » de la province, a déclaré à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.
Un caméraman syrien travaillant pour le réseau de télévision proche du pouvoir Sama a été tué vendredi alors qu’il couvrait les affrontements en cours.
Selon un correspondant de l’AFP près du front, des messages diffusés par haut-parleurs dans des villages rebelles ont appelé les habitants à rester chez eux et ont annoncé l’annulation de la prière musulmane du vendredi.
Des centaines de civils fuyant leurs villages à bord de voitures et de pick-up se dirigeaient vers la ville d’Idleb, chef-lieu de la province.
Evacuations à Beit Jin et dans les deux Ghoutas de Damas
Or, la province d’Idleb devrait accueillir un nouveau groupe de miliciens takfiristes évacués de la région de Beit Jin et Maghar al-Mir , région dans le sud syrien qui était également occupée par le front Fatah al-Cham (front al-Nosra) . Située à cheval entre le Golan syrien et le Liban, elle a été libérée au cours de cette semaine par l’armée syrienne et ses alliés.
Selon Média de guerre, instance médiatique de la résistance, 4 bus ont transporté des dizaines de miliciens et les membres de leurs familles vers la province d’Idleb. Selon le Croissant rouge, il s’agit en tout et pour tout de 94 personnes, dont 65 miliciens.
Après l’opération menée par les forces régulières, les miliciens soutenus par Israël se sont effondrés. Certains d’entre eux se sont enfuis vers les hameaux de Chebaa, avec l’aide des soldats de l’occupation israélienne qui ont facilité leur passage des deux provinces de Quneitra et de Deraa en passant par les versants de la montagne Jabal al-Cheikh occupé par Israël.
Deux autres opérations d’évacuation ont eu lieu dans les deux Ghouta occidentale et orientale.
Dans la première, il y eu un accord avec le gouvernement syrien en fonction duquel des dizaines de takfiristes et des combattants rebelles ont été évacués des dernières zones qu’ils contrôlaient, près de Damas, a rapporté la télévision d’Etat syrienne.
Une fois évacués dans leur totalité, les groupes rebelles n’auront aucune présence dans la Ghouta occidentale pour la première fois depuis 2012, a souligné le directeur de l’OSDH.
Dans la Ghouta orientale de Damas, sur trois jours, 29 patients ont été évacués en échange de la libération par les rebelles de 29 détenus, conformément à un accord conclu entre pouvoir et insurgés.
Dernier fief de la rébellion près de Damas, la Ghouta orientale est occupée depuis 2013 par des milices , dont entre autre Jaïsh al-Islam qui est financé par l’Arabie saoudite et le front Fatah al-Cham d’al-Qaïda. Depuis cette date, l’armée syrienne assiège cette région avec l’espoir que les milices finiront par accepter un accord pour la quitter, ce qui devrait permettre d’éviter une bataille meurtrière pour les deux côtés.
« Treize civils, dont six enfants et quatre femmes, ont été évacués jeudi à minuit » de la localité de Douma, selon un responsable local. Seize avaient déjà pu partir lors des deux jours précédents et être transportés vers des hôpitaux de Damas. Ils sont accompagnés de 56 de leurs proches, indique le Croissant rouge syrien.
Et dans la province de Raqqa, deux fosses communes contenant des dizaines de corps de civils et de militaires syriens assassinés par les jihadistes takfiristes de l’EI ont été découvertes vendredi, près de la localité de Wawi, dans l’ouest , a indiqué l’agence de presse officielle syrienne Sana.
Cette région située dans le nord de la Syrie est occupée par les milices kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) avec l’aide de la Coalition internationale menée par les Etats-Unis. Ayant intervenu en Syrie, avec pour prétexte de combattre Daech, la présence de cette coalition perd de sa légitimié avec son éradication. D’autant que Damas a réclamé récemment son départ. Mais Washington ne l’entend pas de cette oreille.