Le chef de la diplomatie turque a appelé samedi les Etats-Unis à retirer « immédiatement » leurs militaires déployés à Minbej, ville du nord de la Syrie contrôlée par une milice kurde contre laquelle Ankara a lancé une offensive.
« Il faut qu’ils (les Etats-Unis) se retirent immédiatement de Manbej », a déclaré Mevlüt Cavusoglu à des journalistes à Antalya (sud de la Turquie).
La ville de Manbej est située à une centaine de kilomètres à l’est de la région d’Afrine, où l’armée turque mène depuis une semaine une offensive contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).
Plusieurs centaines de militaires américains sont déployés à Manbej, ville tenue par les YPG, une milice considérée comme « terroriste » par Ankara, mais alliée de Washington.
Vendredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait menacé d’étendre à Manbej, et plus à l’est, jusqu’à la frontière irakienne, l’offensive actuelle d’Ankara en Syrie, au risque d’entrer en confrontation directe avec les forces américaines.
Tensions renforcées
L’opération turque, baptisée « Rameau d’olivier », a renforcé les tensions entre la Turquie et les Etats-Unis, qui ont appelé les dirigeants turcs à faire preuve de « retenue » dans leurs actions, mais aussi dans leur « rhétorique » fortement anti-américaine.
Ankara reproche à Washington de soutenir un groupe que la Turquie considère comme une menace à sa sécurité, et affirme que des armes fournies aux YPG pour lutter contre l’EI sont désormais utilisées contre l’armée turque.
« Il faut que les Etats-Unis rompent totalement avec (les YPG), qu’ils récupèrent les armes qu’ils leur ont données », a déclaré M. Cavusoglu.
Selon la présidence turque, le conseiller à la sécurité nationale du président américain H.R. McMaster a réitéré au porte-parole du chef de l’Etat turc Ibrahim Kalin que Washington ne fournirait plus d’armes aux YPG, dans un entretien téléphonique vendredi soir.
« Au-delà des paroles, nous voulons maintenant voir des actions concrètes », a commenté M. Cavusoglu.
Attaque repoussée, deux drones abattus
Sur le terrain, les YPG ont dit avoir repoussé une importante attaque des forces pro-turques à Afrine, leur infligeant de lourdes pertes.
«Les combattants pro-turques ont attaqué les villages d’Ain-Dakna et de Belule, mais les membres des YPG et des YPJ (unités féminines) étaient à l’affût et 83 combattants ont été tués au cours du combat acharné qui a suivi», a confié à Sputnik le porte-parole du commandement des YPG.
Une autre milice kurde, les Forces démocratiques syriennes (FDS), a pour sa part affirmé avoir descendu deux drones de reconnaissance turcs dans le village d’Adama dans le nord de la Syrie.
Des combattants des FDS ont attaqué un convoi militaire turc dans la zone de Chia avant de tuer deux militaires, affirme son centre médiatique.
Toujours selon les FDS, les forces aériennes turques continuent de réaliser des frappes aériennes dans le canton d’Afrine, tandis que les soldats turcs soutenus par les miliciens syriens de l’Armée syrienne libre (opposition) cherchent à prendre la hauteur stratégique de Qastal.
Le 20 janvier dernier, l’armée turque appuyée par les membres de l’ASL a lancé l’opération Rameau d’olivier contre les formations armées kurdes dans le canton syrien d’Afrine.
Damas a condamné les actions turques à Afrine, tout en soulignant que la région était une partie intégrante de la Syrie. Moscou a pour sa part appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à respecter l’intégrité territoriale de la Syrie.
Source: Divers