Les autorités d’occupation israélienne ont rejeté les appels internationaux à une enquête indépendante après la mort vendredi de 16 Palestiniens tués par l’armée israélienne au cours d’une manifestation le long de la frontière entre Gaza et les territoires occupés.
L’usage de balles réelles par l’armée israélienne est au coeur des interrogations de la communauté internationale et des organisations de défense des droits de l’Homme.
Vendredi a été la journée la plus meurtrière dans la bande de Gaza depuis la guerre de 2014: 17 Palestiniens sont tombés en martyre et plus de 1.400 blessés, dont 758 par des tirs à balles réelles, selon le ministère de la Santé dans l’enclave, cité par l’AFP. Le 17e palestinien a succombé à ses blessures ce lundi. Faris al-Raqib, 29 ans, avait été touché, vendredi, à l’estomac par les tirs d’occupation dans le sud de la bande de Gaza.
Les Palestiniens affirment que les soldats d’occupation ont tiré sur des manifestants qui ne représentaient aucun danger immédiat.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ainsi que la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini, ont réclamé une « enquête indépendante » sur l’usage par ‘Israël’ de balles réelles, une demande rejetée par l’entité sioniste.
Les Etats-Unis ont en revanche bloqué samedi soir un projet de déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU appelant « toutes les parties à la retenue et à prévenir toute escalade supplémentaire » et demandant une enquête sur les affrontements.
Netanyahu félicite son armée
De son côté, le ministre de la Défense israélien Avigdor Lieberman a qualifié d' »hypocrites » les appels à ouvrir une enquête.
« Nous ne coopérerons avec aucune commission d’enquête », a-t-il déclaré à la radio publique israélienne.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a également rejeté toutes les critiques, félicitant même l’armée, « la plus éthique du monde ».
Il a dénoncé dimanche les « leçons de morale » du président turc Recep Tayyip Erdogan qui avait accusé la veille ‘Israël’ d’avoir commis une « attaque inhumaine ».
« Hé Netanyahu! Tu es un occupant! (…) En même temps, tu es un terroriste », a riposté dans la foulée le président turc.
« Graves incidents »
Vendredi, des dizaines de milliers de Palestiniens avaient afflué vers la barrière séparant les territoires occupés de la bande de Gaza, au premier jour de « la marche du retour ».
Cette protestation, censée durer six semaines, vise à réclamer « le droit au retour » des Palestiniens qui, par centaines de milliers, ont été chassés de leurs terres ou ont fui lors de la guerre ayant suivi l’usurpation de la Palestine par ‘Israël’ en 1948.
L’armée d’occupation israélienne a ouvert le feu sur les manifestants qui s’étaient approchés à quelques centaines de mètres de la clôture ultra-sécurisée.
Réaction disproportionnée
Mais des organisations de défense des droits de l’Homme se sont interrogées sur la réaction disproportionnée des forces de sécurité israéliennes.
« Alors que certains manifestants palestiniens ont jeté des pierres et d’autres objets vers la barrière, il est difficile de croire qu’il s’agit d’une menace imminente pour la vie de soldats bien équipés et protégés par des tireurs d’élite, des tanks et des drones », affirme Amnesty dans un communiqué.
La France a pour sa part exprimé sa « plus vive préoccupation » face à ces « graves incidents », appelant les autorités israélienne à agir « avec la plus grande retenue » et rappelant « le droit des Palestiniens à manifester pacifiquement », selon un communiqué du Quai d’Orsay.
« Gâchette facile »
En ‘Israël’, quelque 200 à 300 manifestants d’opposition de gauche se sont réunis dimanche soir à Tel-Aviv devant le siège du Likoud, le parti de M. Netanyahu, pour dénoncer la responsabilité du gouvernement dans le lourd bilan de vendredi, ont indiqué les médias et les organisateurs.
« Le gouvernement fait tout pour présenter les Palestiniens comme les seuls coupables, alors qu’il a une part importante de responsabilité dans ce qui s’est passé », a affirmé à l’AFP Hagit Ofran, une responsable de la Paix Maintenant, ONG opposée à l’occupation des territoires palestiniens. Dans un communiqué, l’organisation a dénoncé la politique de la « gâchette facile » suivie par l’armée sous les ordres du gouvernement.
Des dizaines de milliers de Gazaouis ont pris part samedi aux funérailles des manifestants tués la veille.
Les protestations interviennent dans une période à risques, les Etats-Unis prévoyant d’inaugurer leur ambassade à Jérusalem AlQuds occupée, autour du 14 mai.
La reconnaissance par le président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël a ulcéré les Palestiniens, qui y voient la négation de leur revendication sur la partie orientale de la Ville sainte, annexée et occupée par ‘Israël’.
Pas de paix avec « l’ennemi »
Entre-temps, le leader du Hamas qui gouverne dans la bande de Gaza, Yahya Sinwar a déclaré dimanche lors d’une visite aux manifestants de la « Marche du retour » à la frontière avec l’entité sioniste que « toute tentative ou quelconque plan, ne nous obligera pas » à faire la paix avec « l’ennemi » israélien.
« Nous sommes venus ici pour dire que le Hamas ne reste pas dans des palais ou dans des tunnels, nous sommes venus ici pour dire que nous sommes avec vous », a affirmé Sinwar accompagné d’autres responsables du Hamas, cité par le quotidien israélien Jerusalem Post.
« Les chômeurs ont trouvé du travail à nos frontières, pour brûler vos équipements et tirer sur vous à bout-portant », a-t-il lancé.
Le prédécesseur de Sinwar, Ismael Haniyeh, a également menacé dimanche Israël, suggérant qu’une prochaine « Marche du retour » ne s’arrêtera pas forcément aux frontières de Gaza.
« Vendredi, nous nous sommes arrêtés à la frontière, la prochaine fois nous ne savons pas où la frontière sera », a-t-il lancé, selon le Jpost. « Le meurtre de nos enfants et de nos jeunes par l’ennemi était prémédité. Notre nation ne peut tolérer ce siège continu », a-t-il poursuivi.
Source: Divers