Deux Palestiniens, dont un journaliste, ont succombé à leurs blessures après avoir été touchés par balle vendredi par l’armée israélienne à la frontière entre Gaza et les territoires palestiniens de 1948, portant à neuf le nombre de morts lors de cette nouvelle journée sanglante de protestations.
Malgré les mises en garde israéliennes, des milliers de Palestiniens se sont rassemblés vendredi près de la barrière de sécurité, pour le deuxième vendredi de suite.
Des manifestants ont incendié des pneus -pour tenter de réduire la visibilité- et lancé des pierres sur les soldats israéliens de l’occupation, qui ont riposté en tirant des gaz lacrymogènes et à balles réelles.
Neuf manifestants ont été tués, selon le ministère de la Santé. Près de 500 Palestiniens ont été blessés par balles, d’après la même source.
Parmi eux figure le journaliste Yasser Mourtaja, qui est ensuite décédé de ses blessures. Ce jeune trentenaire avait été touché par balle lors d’affrontements à l’est de Khan Younès, dans le sud de l’enclave, selon le ministère de la Santé de Gaza.
L’agence Ain Media, basée à Gaza et pour laquelle il travaillait, a confirmé son décès.
Une vidéo prise au moment où Mourtaja était transporté vers un centre de soins le montre portant une veste sur laquelle on pouvait lire « PRESS » (presse).
Samedi, avant les funérailles, des dizaines de proches et de confrères ont participé à une procession lors de laquelle son cercueil était recouvert d’un drapeau palestinien et d’un gilet « presse ».
Le syndicat des journalistes palestiniens a indiqué que cinq autres journalistes avaient été blessés vendredi, soulignant qu’ils étaient clairement identifiables avec leur veste.
Sur son compte Twitter, Reporters sans frontières (RSF) a exprimé sa « tristesse » à l’annonce du décès.
Une 9e mort a été annoncée samedi par le ministère de la santé de Gaza, celle d’un jeune homme de 20 ans, Hamza Abdel Aal, qui avait également été blessé la veille.
Ces neuf personnes devaient toutes être enterrées samedi.
Le vendredi dernier, dix-neuf Palestiniens étaient tombés sous les balles de l’armée d’occupation israélienne.
Aucune victime israélienne n’a été recensée lors de ces deux journées.
Le mouvement de protestation lancé le 30 mars et baptisé « la marche du grand retour », prévoit des rassemblements et campements durant six semaines à la frontière pour réclamer « le droit au retour » de quelque 700.000 Palestiniens chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi l’implantation d’Israël le 14 mai 1948, avec le feu vert de grand nombre de pays, dont les puissances occidentales .
La désespérance dans la bande de Gaza, éprouvée par plusieurs guerres, les blocus aussi bien israélien qu’égyptien, la réclusion, la pauvreté et les pénuries, alimente la forte tension et le ressentiment.
« Nous sommes venus ici pour cette terre et pour un avenir meilleur », a déclaré vendredi Mona al-Chaar, 43 ans, qui distribuait du vinaigre aux protestataires pour soulager les brûlures dues aux gaz lacrymogènes.
S’inquiétant de nouvelles victimes, l’envoyé spécial de l’ONU pour le Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, avait appelé les forces israéliennes à la « retenue maximale » et les Palestiniens à éviter les frictions.
Le Koweït a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU, d’adopter une déclaration appelant à une enquête indépendante sur les affrontements, mais Washington a bloqué cette démarche, selon des diplomates.
Cette protestation intervient dans une période à risques, les Etats-Unis prévoyant d’inaugurer leur ambassade à Jérusalem, autour du 14 mai.
La reconnaissance par le président Donald Trump de Jérusalem Al-Quds comme capitale d’Israël, en décembre dernier, a meurtri davantage les Palestiniens qui y voient la négation de leur revendication sur la partie orientale de la Ville sainte, annexée et occupée par Israël.
Source: Avec AFP