Des soldats des forces spéciales françaises ont été envoyés en renfort en Syrie ces deux dernières semaines, a révélé jeudi le ministre américain de la Défense Jim Mattis.
« Les Français nous ont renforcés en Syrie avec des forces spéciales au cours des deux dernières semaines », a indiqué M. Mattis, qui témoignait devant le Congrès.
Le chef du Pentagone confirmait ainsi des informations de presse que le gouvernement français, généralement très discret sur l’utilisation de ses forces spéciales, n’a jamais accréditées.
Evoquant ce sujet lors de sa conférence de presse commune avec son homologue américain Donald Trump mardi, le président français Emmanuel Macron avait simplement indiqué: « Nous avons décidé d’augmenter notre contribution à la coalition et nous sommes totalement impliqués dans la lutte contre Daech », acronyme arabe de la milice wahhabite terroriste qui se fait appeler Etat islamique (EI).
Pour de nombreux observateurs arabes bien avisés, Daech n’est qu’un prétexte exploité par les puissances occidentales pour occuper le nord-est syrien et imposer leur agenda dans le Moyen-Orient
M. Mattis était questionné sur le désir exprimé à plusieurs reprises par M. Trump de retirer les forces américaines de Syrie « très bientôt ».
« A l’heure actuelle, nous ne nous retirons pas », a-t-il répondu. « Vous allez assister à un nouvel effort dans la vallée de l’Euphrate dans les jours qui viennent contre ce qui reste du califat » du groupe extrémiste.
Le combat contre l’EI « est en cours », a-t-il poursuivi, notant que les opérations de la coalition antijihadiste seraient également plus nombreuses du côté irakien de la frontière.
Le groupe jihadiste a été chassé de l’essentiel des vastes territoires qu’il avait conquis en 2014 des deux côtés de la frontière, notamment des villes de Mossoul (Irak) et Raqqa (Syrie).
Mais il reste présent dans certaines poches, notamment dans la province de Deir Ezzor (est de la Syrie), et essaie de profiter du retrait de certaines forces kurdes qui ont été redéployées du front anti-EI vers le nord pour contrer une offensive de l’armée turque.
L’intervention turque dans l’enclave kurde d’Afrine « a offert une fenêtre à l’EI pour commencer à se reconstituer dans certains secteurs », déplorait récemment le Département d’Etat américain.
La France participe à la lutte contre l’EI en Irak et Syrie au sein de la coalition internationale sous commandement américain, avec des avions de chasse, de l’artillerie et quelques forces spéciales qui conseillent les combattants kurdes.
Aucun chiffre n’a été communiqué sur ces forces spéciales, dont la présence elle-même sur le terrain n’est que rarement reconnue par les autorités françaises.
Sur ce théâtre, « la France restera engagée aussi longtemps que nécessaire auprès de la coalition internationale, des autorités irakiennes et des Forces démocratiques syriennes (FDS, alliance arabo-kurde) », a déclaré Emmanuel Macron jeudi en clôture d’une conférence internationale contre le financement du terrorisme.
« Cette bataille militaire contre Daech se poursuivra jusqu’à son terme et sous toutes les formes nécessaires pour empêcher de reconstituer quelque marge de manœuvre que ce soit », a-t-il martelé.
En décembre 2017, le président français prédisait encore la fin des opérations militaires contre l’EI pour février 2018 mais le conflit syrien ne cesse depuis de rebondir et de gagner en complexité.
« Ne nous trompons pas, Daech fera tout ce qui est en son pouvoir pour miner les efforts de l’Irak dans son travail de reconstruction d’un Etat viable et d’une société apaisée, et ces groupements terroristes feront tout dans la durée pour que la Syrie ne soit pas un Etat stable », a-t-il averti jeudi.