Les 28 pays membres de l’Union européenne ont exhorté mardi la Turquie à « sauvegarder sa démocratie parlementaire », mise en péril selon eux par des purges à grande échelle, dans une déclaration publiée au lendemain d’une protestation officielle d’Ankara contre les critiques européennes.
« L’UE et ses Etats membres suivent les plus récents développements en
Turquie avec une grave inquiétude », ont-ils indiqué dans ce texte publié par la
chef de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini.
Les 28 y mentionnent la réintroduction à nouveau envisagée de la peine de
mort en Turquie, la « poursuite des restrictions à la liberté d’expression, y
compris les médias sociaux, « la fermeture de médias et les mandats d’arrêt
contre les journalistes » et « plus récemment, l’arrestation des coprésidents du
deuxième parti d’opposition du pays, le HDP, ainsi que la détention de
plusieurs de ses membres ».
L’UE et les 28 « demandent à la Turquie de sauvegarder sa démocratie
parlementaire, y compris le respect des droits de l’homme, l’état de droit, les
libertés fondamentales et le droit de chacun à un procès équitable », rappelant
à Ankara ses engagements en la matière « en tant que pays candidat » à l’adhésion
à l’UE.
Les Européens appellent au « retour à un processus politique crédible et à un
véritable dialogue politique », le jugeant « essentiel pour la démocratie du pays
et la stabilité de la région ».
Cette nouvelle mise au point de l’UE, après de précédentes déclarations
vendredi de Mogherini, intervient au lendemain d’une protestation du
gouvernement turc contre les critiques récurrentes des Européens, transmise
lundi aux ambassadeurs des 28 à Ankara.
« Nous traversons une période très fragile dans les relations entre la
Turquie et l’UE. S’opposer en permanence à la Turquie n’est pas la bonne
politique », avait prévenu devant la presse le ministre turc des Affaires
européennes Omer Celik.
Mais côté européen, des voix réclament une plus grande fermeté vis-à-vis du
régime turc, malgré le risque de mettre en péril l’accord migratoire conclu en
mars avec Ankara, qui a permis une réduction drastique des arrivées de migrants
sur les côtes grecques.
L’UE et ses Etats membres indiquent qu’ils « continueront de suivre et
d’évaluer la situation de très près » en Turquie et qu’ils « sont prêts à
poursuivre le dialogue politique avec la Turquie à tous les niveaux, dans le
cadre établi ».
La Commission européenne doit publier mercredi un nouveau rapport d’étape
de l’UE sur le processus d’adhésion de la Turquie. Selon la presse allemande,
Ankara devrait y être épinglé sur la question de la liberté d’expression.
Source: AFP