Le président russe Vladimir Poutine et son homologue français Emmanuel Macron s’expriment vendredi devant les milieux d’affaires russes pour montrer leur volonté de continuer à faire des affaires malgré les nombreux sujets de tensions.
Le dirigeant français, en visite de deux jours en Russie un an après son premier tête-à-tête avec le maître du Kremlin à Versailles, a assuré jeudi à M. Poutine vouloir « avancer » avec lui sur le nucléaire iranien, la Syrie et l’Ukraine, malgré les « incompréhensions » accumulées.
Les deux chefs d’Etat se sont entretenus pendant plus de trois heures sous les ors du Palais Constantin, en périphérie de Saint-Pétersbourg, ancienne capitale impériale russe (nord-ouest), où Vladimir Poutine a accueilli le couple Macron sur des terrasses surplombant le Golfe de Finlande.
« La France est notre partenaire traditionnel, nous tenons à nos relations mutuellement avantageuses (…) et maintenons un dialogue politique très intense », a souligné Vladimir Poutine, à l’issue de cette rencontre, en estimant qu’elle s’était déroulée « dans une ambiance très ouverte ».
Pour sa part, M. Macron a loué un « dialogue extrêmement direct et franc » avec Vladimir Poutine, lors d’une conférence de presse commune, en promettant de revenir en Russie pour le Mondial-2018 de foot cet été si la France « passe les quarts de finale ».
Cette première visite d’Emmanuel Macron en Russie intervient à l’occasion du Forum international économique de Saint-Pétersbourg, principal rendez-vous des milieux d’affaires russes où la France est une invitée d’honneur en 2018 et où participe également le Premier ministre japonais Shinzo Abe.
Accompagné d’une importante délégation de patrons français, M. Macron a annoncé dès son arrivée au Palais Constantin que la signature d’une cinquantaine de contrats était prévue lors de sa visite.
L’un des premiers accords signés jeudi, en présence des présidents russe et français, prévoit notamment l’entrée du groupe français Total dans un nouveau projet géant de gaz naturel liquéfié dans l’Arctique russe de Novatek pour 2,5 milliards de dollars.
Si le volet économique des pourparlers entre les deux chefs d’Etat s’annonce prometteur, les sujets politiques qui fâchent persistent toujours.
« Rétablir la vérité sur l’Europe »
Parmi eux figurent depuis des années la crise ukrainienne et le conflit syrien, mais aussi plus récemment, l’empoisonnement en mars d’un ex-espion russe en Angleterre qui a provoqué une vague d’expulsions de diplomates.
Emmanuel Macron, qui a rencontré jeudi soir un représentant de l’ONG Memorial et la veuve du célèbre écrivain et dissident Alexandre Soljenitsyne, a assuré avoir évoqué avec son homologue russe les cas du réalisateur russe Kirill Serebrennikov, assigné à résidence, et du réalisateur ukrainien emprisonné Oleg Sentsov.
Dans un contexte difficile, les dirigeants ont cependant insisté sur les points qui les rapprochent face aux Etats-Unis et ont affirmé leur détermination à préserver l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, malgré le retrait américain.
Les deux dirigeants ont aussi affiché leur unité sur la nécessité de poursuivre les efforts sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, après l’annulation jeudi par Washington d’une rencontre très attendue entre Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.
Citant les cyberattaques dont les Occidentaux accusent souvent Moscou, les deux présidents ont dit vouloir établir des « règles communes » et « échanger des informations ».
Sur l’Ukraine, MM. Macron et Poutine ont tous les deux appelé à la poursuite des efforts politiques en vue d’un « règlement pacifique » alors que les combats opposant depuis quatre ans gouvernement pro-occidental et rebelles prorusses ont fait 10.000 morts depuis 2014.
Au cours de son entretien avec Natalia Soljenitsyne, le chef de l’Etat français a jugé qu’il fallait « rétablir la vérité sur l’Europe », dont « l’image s’est beaucoup dégradée en Russie » où elle « est perçue comme faible, perdant ses repères » alors que la Russie se voit comme « un point de référence conservateur ».
Mme Soljenitsyne a appelé à agir pour rapprocher son pays de l’Europe: « la Russie doit faire partie de l’Europe. Sinon, cela la poussera vers la Chine ».
Source: AFP