À l’occasion du 56e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, le ministre algérien des Affaires étrangères a réaffirmé, ce 5 juillet, les principes directeurs de la diplomatie et de la doctrine de défense de son pays. Il a réitéré notamment le refus de l’armée algérienne d’intervenir au Sahel.
Invité à s’exprimer, ce 5 juillet, sur les acquis de la diplomatie algérienne depuis l’indépendance et les exploits réalisés en matière de développements humain et matériel du pays, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, est revenu sur les questions brûlantes de la situation sécuritaire en Libye et au Sahel, réaffirmant le principe inébranlable de la doctrine de l’armée algérienne de non intervention en dehors des frontières nationales.
Intervenant à l’occasion du 56e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie sur les ondes de la chaîne 3 de la radio nationale algérienne, et conformément au principe directeur de la diplomatie algérienne de non-ingérence dans les affaires des pays, le chef de la diplomatie algérienne a martelé que les solutions aux crises qui secouent les pays de la région ne peuvent venir de l’extérieur, et que pour régler le problème de la migration clandestine il faut un minimum de développement en Afrique.
À la question de savoir si réellement l’Algérie subissait des pressions pour engager son armée en Libye et au Sahel, le diplomate a été catégorique affirmant que «des pressions non».
«Les gens connaissent la position et la doctrine de l’Algérie. Tout le monde sait que notre armée a des missions de défense nationale, elle protège nos frontières, s’implique dans la lutte antiterroriste», a affirmé le ministre.
«Les gens peuvent nous demander d’intervenir, mais tout le monde sait que l’Algérie n’intervient pas en dehors de ses frontières, mais cela ne veut pas dire que l’Algérie ne mène pas des actions de coopération avec certains acteurs», a ajouté le responsable algérien.
Expliquant la nature et les domaines où Alger apporte sa contribution dans la lutte contre le terrorisme et la radicalisation dans les pays du Sahel, M.Messahel a indiqué que «l’Algérie apporte une contribution inestimable. Elle le fait à travers la formation d’unités spéciales antiterroristes au Mali et au Niger, la logistique et la formation d’une manière générale [universitaire, ndlr]».
Les conflits ne peuvent être réglés de l’extérieur, a martelé Abdelkader Messahel, mais par l’implication des acteurs internes, en rappelant que l’Algérie avait toujours mis en garde contre le chaos qu’engendrent les interventions militaires étrangères. «Nous savons que l’intervention étrangère a eu pour conséquence le chaos qu’a connu la Libye, elle a eu pour conséquence la fragilisation de la situation au Mali […]. Donc, nous avons toujours prôné des solutions politiques à travers le dialogue», a souligné le ministre algérien.
Concernant les mesures de restrictions quant à l’octroi des visas, aux ressortissants algériens et africains en général, que des pays européens ont mis en place pour se protéger de l’immigration clandestine, le diplomate a indiqué que «pour le durcissement, ce sont des politiques protectionnistes menées par certains pays». «Lorsque vous avez le phénomène de la migration clandestine vers l’Europe, il faut réfléchir sur toutes les mesures qui ont été prises pour que l’Europe se referme. Des mesures prises pour décourager le phénomène de la migration clandestine», a-t-il ajouté. «Mais il faut s’attaquer aux causes. S’il y a un minimum (pour) que la jeunesse en Afrique reste chez elle, elle le fera», a conclu le chef de la diplomatie algérienne.
La France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, et depuis un certain temps les pays du Golfe, selon des sources citées par Le Soir d’Algérie, dans son édition du 4 avril 2018, seraient les pays qui essayent «de faire changer d’avis aux Algériens sur leur position de non intervention au Sahel». Selon elles, certains pays, qu’elles n’ont pas nommés, «ont proposé carrément à l’Algérie de lui fournir tout le matériel militaire, toute la logistique nécessaire pour intervenir mais celle-ci a toujours refusé». C’est un principe net inscrit dans notre politique de défense depuis la charte de 1976, ont affirmé les mêmes sources.
L’Algérie est disposée à partager son expérience en matière de prévention de l’extrémisme violent et de lutte contre le terrorisme. Ces propos ont été tenus par Abdelkader Messahel, le 24 juin à Alger lors de la séance d’ouverture des Troisièmes conversations régionales pour la prévention de l’extrémisme violent, selon Algérie Presse Service (APS). L’édition de cette année a pour thème «investir dans la paix et la prévention de la violence dans la région sahélo-saharienne». «Je réitère la disponibilité de l’Algérie à partager son expérience dans la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne.
Source: Sputnik