La Syrie et la Russie ont affiché une certaine divergence sur les mesures à prendre dans la province d’Idleb, au nord-est de la Syrie, sans pour autant s’opposer sur le fond.
Alors que Damas ne cesse d’afficher sa détermination à libérer cette région occupée par un groupe de milices, takfiristes et rebelles, Moscou a laissé entendre ce mardi qu’il n’y aura pas dans l’immédiat d' »offensive d’ampleur » des forces gouvernementales syriennes.
« Il n’est pas question et il ne peut pas être question pour le moment d’une offensive d’ampleur à Idleb », a affirmé l’émissaire russe pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev, cité par les agences russes. Il s’exprimait à l’issue de la 10ème réunion sur le règlement du conflit à Sotchi, dans le sud de la Russie, entre représentants russes, iraniens, turcs et émissaires du pouvoir et des rebelles.
M. Lavrentiev a dit espérer que « l’opposition modérée et nos partenaires turcs, qui ont pris la responsabilité de la stabilisation de cette zone, y parviendront ». « La menace venant de cette zone est encore très importante », a-t-il ajouté.
Jaafari: la réconciliation ou la bataille
Auparavant, le représentant de la Syrie aux Nation Unies, Bachar al-Jaafari, avait assuré qu' »il ne peut y avoir aucun compromis concernant la reprise du contrôle du territoire syrien par le gouvernement syrien ».
« La meilleure option pour le gouvernement syrien est la reprise sous son contrôle d’Idleb suite à un accord de réconciliation nationale », a-t-il indiqué. Et d’ajouter en mettant en garde : « Mais si Idleb ne revient pas dans le giron gouvernemental par la voie du règlement, l’armée syrienne a absolument le droit de reprendre ce territoire par la force ».
Selon l’AFP, un représentant des rebelles, Ahmad Tohmé, a pour sa part demandé à ce qu’Idleb se transforme de « zone de désescalade en zone de cessez-le-feu complet ».
Située dans le nord-ouest de la Syrie, près de la frontière turque, la province d’Idleb est presque totalement entourée de territoires contrôlés par le pouvoir syrien.
Elle est occupée par des milices dont la majeure partie est enrôlée dans le cadre de la coalition, Hayat Tahrir al-Cham, dont la branche d’al-Qaïda, le front al-Nosra, est la colonne vertébrale. D’autres milices proches de l’Armée syrienne libre (ASL) s’y trouvent mais sont moins influentes.
Durant les accords de reddition des groupes terroristes dans les régions syriennes libérées, la province d’Idleb a été la destination des plus récalcitrants qui ont refusé de se rendre et de régler leur situation en ralliant l’amnistie présidentielle.
Divergence sur les USA
Une petite divergence a filtré aussi entre la Russie et la Syrie sur les Etats-Unis.
M. Lavrentiev les a appelés à prendre part au processus d’Astana.
Alors que M. Jaafari, il les a de nouveau exhortés à mettre un terme à leur présence dans le pays.
Les forces armées américaines présentes sur le sol syrien doivent le quitter immédiatement, a-t-il déclaré lors de la conférence de presse au terme de la rencontre sous le format Astana à Sotchi, qualifiant d’«illégale» la présence des forces américaines et de leurs alliés en Syrie.
Selon lui, à l’heure actuelle, des militaires américains sont déployés dans la région du camp des réfugiés à Ruban à la frontière entre la Jordanie, l’Irak et la Syrie, qui abrite près de 55.000 ressortissants syriens.
Cette position syrienne rejoint toutefois celle exprimée la semaine dernière, par le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov, selon lequel « il n’existait plus aucun fondement légal à la poursuite des opérations militaires américaines » en Syrie.
10 mille détenus ou disparus chez les rebelles
Dans la déclaration finale d’Astana-10, tous les protagonistes étaient unanimes pour résister aux velléités séparatistes qui sapent la souveraineté de la République arabe syrienne et pour lutter contre le terrorisme. En tête sont mentionnés aussi bien que Daech, Al-Qaïda et le front al-Nosra.
En outre, les parties en conflit en Syrie sont prêtes à lancer un projet pilote d’échange de prisonniers et de corps de victimes, selon le texte du projet de communiqué final de la rencontre, que s’est procuré l’agence Sputnik.
Lors de la réunion mardi à Sotchi, rapporte l’AFP, Damas a remis aux rebelles une liste de plus de 10.000 noms de personnes détenues dans les territoires occupés par les groupes insurgés ou disparues, tandis que les rebelles n’ont fourni qu’une quinzaine de noms, selon M. Lavrentiev.
La déclaration conjointe soutient également la tenue d’un Congrès national de Dialogue prévu entre le pouvoir syrien et les rebelles.
Les groupes opposants qui pourront participer à ce congrès sont ceux qui «soutiennent la souveraineté, l’indépendance, l’unité, l’intégrité territoriale et le caractère indivisible de la Syrie», précise la Déclaration.
Particularités iranienne et turque
ont transparait de la rencontre de Sotchi une rétidence iranienne et une ligne rouge turque. Selon le vice-ministre des Affaires étrangères Hussein Jabiri Ansari, la présence des forces iraniennes en Syrie ne pourra être tranchée que dans des contacts entre Damas et Téhéran exclusivement, sans personne d’autre.
Quant à la Turquie, elle a une nouvelle fois exprimé sa détermination à exclure l’organisation kurde PKK/PYD.
Source: Divers