Fidèle à sa politique d’emprise totale sur le monde arabe en général et les pays du Golfe en particulier, l’Arabie saoudite semble foncer droit vers un autre membre du Conseil de coopération des pays du Golfe, le sultanat d’Oman.
La discorde se profile déjà par médias interposés, première étape avant d’impliquer les niveaux politiques supérieurs.
Elle a été déclenchée par le rédacteur en chef du journal pro régime saoudien, Ar-Riadh, Sami Al-Othman. Au lendemain de l’annonce faite par Mohamad Abdel Salam, le dirigeant de l’organisation yéménite Ansarullah que son celle-ci a bombardé l’aéroport de Dubaï, via un drone de type Samad-3, M. Othmane s’est offusqué. D’autant que cette déclaration avait été faite depuis la capitale omanaise.
« Depuis Mascate, ce morveux de terroriste houthi et porte-parole du projet perse houthi au Yémen écrit sur sa page Twitter que l’armement aérien téléguidé a exécuté la deuxième attaque du genre en un mois contre l’aéroport de Dubaï ! Bien sûr qu’il parle de la superpuissance houthie ! Les voyants sont des menteurs même quand ils parlent juste. Dubaï est plus loin pour les cochons que les étoiles du ciel », a-t-il tweeté, rapporte le site d’information arabe en ligne Watan Serb.
Critiquant le fait que le sultanat omanais ait permis au responsable yéménite de donner cette déclaration hostile au Emirats arabes unis (EAU) depuis son sol, le journaliste saoudien a tenté de ne pas forcer la dose contre le sultanat. Il l’a mis sur le compte des responsables omanais, épargnant le sultan Qabous.
Première étape aussi, dans la campagne menée contre Oman.
« Il semble que Sultan Qabous, que Dieu le sauvegarde, n’est pas au courant que certains de ses responsables soutiennent les terroristes houthis et leur facilitent la tache terroriste d’éliminer le peuple yéménite. Sinon comment aurait-il permis au cochon du projet perse Mohamad Abdel Salam de parler au nom du projet perse houthi depuis le siège de son séjour presque permanent à Mascate, pour attaque les EAU », a-t-il ajouté.
M. Othmane avait auparavant critiqué Oman, sous prétexte qu’elle accorde son soutien à Ansarullah, parce qu’elle permis à ses responsables de prendre un avion omanais pour se rendre à Genève, et participer aux négociations parrainées par l’Onu.
« Il s’agit d’une déclaration de guerre contre les pays du Golfe arabe », a-t-il averti.
Selon le site Watan Serb, cette campagne saoudienne hostile à Mascate intervient deux jours après le discours du ministre omanais des Affaires étrangères Youssef Ben Alawi devant l’Assemblée générale des Nations unies. Il avait alors assuré que les issues terrestres, aériennes et maritimes de son pays resteront ouvertes devant les yéménites, après avoir déploré la détérioration de la conjoncture humanitaire et économique de ce pays.
Le journal yéménite pro saoudien « Al-Machhad al-Yamani » (La scène yéménite) avait pour sa part fait état d’« un renversement sans précédent dans la politique omanaise » sur le dossier yéménite.
« Un nouveau rôle omanais s’impose dans les provinces (yéménites, ndlr) libérées en particulier, en soutenant des personnalités politiques et tribales hostiles à la coalition arabe et au gouvernement légitime », avait écrit ce quotidien proche du président démissionnaire contesté Abed Rabbo Mansour Hadi et de la coalition.
Il faisait allusion entre autre aux rencontres qu’un ex-ministre yéménite vivant à Mascate, Ahmad Hussein, avait réalisées avec des chefs de tribus, des notables et des dirigeant locaux yéménites pour les pousser à prendre position contre la coalition arabe et à «lui imputer la responsabilité des dommages causés par le coup d’état houthi », selon les termes du journal pro saoudien.
Citant des sources non identifiées, le journal accuse « les dirigeants omanais de pousser les responsables yéménites qui vivent sur leur sol ou d’autres vivant à l’étranger de jouer un rôle en faveur des milices houthies, directement ou indirectement », rapporte l’agence russe Sputnik.
Plus est-il que le régime saoudien grogne le fait qu’Oman accueille chez elle le dirigeant yéménite du sud, Hassan Baoum, (photo à gauche) connu pour ses affinités avec l’Iran et le Qatar.
Riad semble ne plus supporter la politique neutre que le Sultanat d’Oman a toujours suivi, sur plus d’un dossier, fondée sur sa démarcation des axes régionaux en place.
Elle voit d’un mauvais œil aussi bien le refus de Mascate de rejoindre la coalition arabe qu’elle mène contre le Yémen en 2015, que son parrainage des négociations en cours entre les différentes forces yéménites, dont Ansarullah, pour lui mettre fin.
Auparavant, elle lui en a voulu aussi d’avoir accueilli les premiers contacts entre l’administration américaine de Barak Obama et le gouvernement iranien, et qui avaient alors débouché sur l’accord nucléaire de 2015. Un accord dont le sabotage lui a coûté bien cher.
Après le Qatar, le tour est arrivé à Oman pour subir l’opprobre du royaume wahhabite.