La Russie a demandé des explications au président turc Recep Tayyip Erdogan après ses déclarations selon lesquelles son intervention militaire en Syrie vise à « mettre fin au règne du tyran » Bachar al-Assad.
« C’est une déclaration très grave qui contredit en gros toutes ses déclarations précédentes », a indiqué à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
« Nous espérons bien évidemment que nos partenaires turcs nous donneront dans les plus brefs délais quelques éclaircissements sur ce sujet », a-t-il souligné.
Recep Tayyip Erdogan a affirmé mardi, lors d’une réunion à Istanbul, que l’armée turque engagée depuis l’été dans une opération militaire en Syrie n’avait qu’un seul objectif: « Mettre fin au règne du tyran Assad (…) et rien d’autre ».
«Pourquoi sommes-nous entrés [en Syrie] ? Nous n’avons pas d’intérêts sur le sol syrien. La question est de donner les terres à ceux qui sont leurs vrais propriétaires. Nous sommes là pour rétablir la justice», a expliqué le président turc.
Erdogan n’explique pas comment il sait que le peuple syrien l’a mandaté de cette mission.
Pour le ministère syrien des Affaires étrangères, ces déclarations « montrent clairement que la flagrante agression turque contre le territoire syrien n’est que le résultat des ambitions et des illusions de despote extrémiste (…) qui a transformé la Turquie en une base pour les groupes terroristes issus de la même idéologie et qui œuvrent pour déstabiliser la Syrie et l’Irak ».
« Les leaders, l’armée et le peuple de Syrie ne permettront pas à ce despote arrogant de s’ingérer dans leur affaires », a assuré le ministère dans un communiqué, en appelant la communauté internationale « à mettre fin aux agissements d’Erdogan et à son ingérence dans les affaires de la région ».
Depuis août, l’armée turque a lancé une offensive dans le nord syrien, sans le consentement du gouvernement syrien.
Elle a donne pour motif de chasser Daesh des régions proches de sa frontière, mais aussi à stopper l’avancée des milices kurdes de Syrie.
Ankara est soupçonnée d’avoir entretenu des liens étroits avec la milice wahhabite takfiriste et de lui avoir laissé le champ libre pour faire passer ses miliciens vers la Syrie et pour faire écouler le pétrole qu’elle extrayait du sol syrien.
La semaine dernière, l’état-major turc a mis en cause le régime syrien dans la mort de quatre de ses soldats en Syrie, pour la première fois depuis le début de l’incursion d’Ankara dans le territoire syrien. Une incursion taxée « d’occupation » et donc illégitime selon le gouvernement syrien
Cet incident a fait notamment l’objet d’un entretien téléphonique vendredi dernier entre Recep Tayyip Erdogan et le président russe Vladimir Poutine.
Sources: AFP, Sputnik, al-Manar