Dans son dernier discours, le 10 avril, le numéro un du Hezbollah a évoqué sans la désigner nommément une vieille tactique de l’ancien secrétaire d’état américain Henry Kissinger.
« Vous êtes-vous posé la question de savoir ce qui se serait passé si Mohamad ben Salmane avait gagné la guerre du Yémen », s’est interrogé Sayed Hassan Nasrallah. Avant de répondre : « il aurait été sacré le grand commandant du monde arabe et aurait contraint les Palestiniens à signer la paix avec Israël ».
Et S. Nasrallah de conclure sur cette question : « la résistance du peuple yéménite sauve al-Quds ».
Cette prévision qui ne manque pas de pertinence n’est pas sans rappeler ce qui s’était passé avec l’ex président égyptien Anouar Sadate qui a été le premier président à signer l’armistice avec l’ennemi israélien en 1979 après s’été rendu à Jérusalem al-Quds en 1978.
Selon un historien égyptien, qui a consulté plusieurs archives égyptiennes et américaines, Sadate a voulu se réconcilier avec Israël dès son accession au pouvoir après la mort de Jamal Abdel Nasser en 1970.
Il s’était rendu auprès de Kissinger pour lui faire part de sa volonté, mais s’est vu objecter une fin de non-recevoir catégorique de sa part. Non pas parce que le secrétaire d’état américain répugnait cette démarche. Loin de là. Mais parce qu’il estimait qu’à l’état actuel des choses, à cette époque, elle était vouée à l’échec.
Toujours selon l’historien égyptien, dont on rapporte l’avis sous le couvert de l’anonymat, Kissinger estimait que l’Égypte n’était pas prête à une telle démarche, et pour ce faire, il fallait y préparer le terrain.
C’est ainsi qu’il a dicté à l’ancien président égyptien les démarches à suivre. Graduellement. Alors que le peuple était sincèrement attaché à la cause palestinienne, il a lancé un ensemble de slogans pour l’en détourner : celui entre autre de l’Egypte d’abord. D’autres dirigeants arabes l’ont emprunté plus tard. Manifestement dans la même logique.
Selon plusieurs observateurs avisés, la guerre de 1973, elle aussi, fait partie de ces manœuvres de Kissinger. Elle est destinée à donner à Sadate une stature qui lui faisait défaut et qui lui faciliterait sa tache devant le peuple égyptien.
Déclenchée de concert avec la Syrie, après de longues concertations et planifications bilatérales, c’est le président égyptien qui l’a arrêtée, soudainement et unilatéralement, sans en informer la direction syrienne. Alors que les troupes égyptiennes et syriennes réalisaient des avancées cursives.
Sadate en est sorti comme un héros de guerre devant le peuple égyptien. Il a exploité ce titre qui a fait défaut à Nasser pour aller signer l’accord avec l’entité sioniste.
Selon Sayed Nasrallah, c’est donc le même stratège qui a été mis en exécution avec MBS, pour lui paver la voie à la liquidation de la cause du peuple palestinien et de la normalisation avec l’entité sioniste.
D’autres tactiques devraient êtres mises à l’oeuvre. Car si la signature de l’accord avec Israël a coûté sa vie à Sadate, Kissinger, lui, est encore vivant.