Le numéro un iranien a refusé d’adresser un quelconque message au président américain estimant qu’il ne le méritait pas.
Selon le site en ligne de la télévision iranienne Press TV, le guide suprême de la Révolution islamique l’Ayatollah Khamenei a tenu ces propos en présence du Premier ministre japonais Abe Shinzo qui se trouve en visite officielle à Téhéran depuis le 12 juin. La première depuis la révolution islamique en 1979. Ce dernier a affirmé au début de l’audience qu’il était porteur du message du président américain.
« L’Iran n’a guère confiance dans les États-Unis ; il n’ira pas reconduire l’amère expérience que fut celle de négocier l’accord nucléaire (PGAC, NDLR) car aucune nation indépendante et souveraine ne négocie sous pression », a affirmé l’Ayatollah Khamenei.
Et de poursuivre : «nous n’avons aucun doute sur votre bonne foi et votre sérieux. Mais je ne vois guère en la personne de Trump une partie qui mériterait de recevoir mon message. Je ne lui adresserai aucune réponse. Ainsi les propos que je tiendrai aujourd’hui s’inscrivent dans le stricte cadre de nos relations avec le Japon, pays ami à qui nous avons aussi quelques reproches à faire. »
Dans son message adressée au guide suprême, rapporte Press TV, le président américain affirme que « les États-Unis n’ont pas l’intention de changer le régime en Iran ».
L’imam Khamenei répond à cette partie du message en ces termes : «Ce qui pose problème entre l’Iran et les États-Unis est moins la question d’un changement de notre régime par les États-Unis. Tout le monde sait que les États-Unis, mêmes s’ils en avaient l’intention, en seraient totalement incapables. Cela fait quarante ans que les Américains ont cherché à renverser la RII sans jamais y parvenir. Quand Trump affirme ne pas chercher à changer notre régime politique, il ment. Il le ferait, si seulement il le pouvait. »
Plus loin dans ses propos, il a répondu à une autre partie du message du président américain qui prône « de nouvelles négociations nucléaires avec l’Iran »:
« L’accord dont se sont retirés les États-Unis, l’Iran l’a négocié 5 ou 6 ans et ce, en présence des Européens et dans le cadre de 5+1. Les Américains ont fini par renverser la table et se soustraire à un accord internationalement reconnu. Peut-on négocier, à nouveau, avec un pays qui enfreint régulièrement les lois, les accords et les traités internationaux? »
L’Ayatollah Khamenei est revenu ensuite sur cette autre partie des propos du Premier ministre Abe lequel, citant Trump, a affirmé que « les États-Unis ne permettraient pas à l’Iran de se doter d’arme nucléaire »: « L’Iran s’oppose à l’usage et à la fabrication de la bombe atomique et j’ai émis une fatwa rendant même sa fabrication illicite. Mais sachez-le, si nous avions eu l’intention de concevoir la bombe atomique, les États-Unis n’auraient pas pu nous en empêcher. Ni leur feu vert ni leur opposition n’auraient rien changé à nos projets. »
Pour le Leader de la Révolution islamique, « les États-Unis ne sont pas en droit de décider qui a ou n’a pas le droit d’avoir un arsenal nucléaire car ils possèdent en stock des milliers de bombes atomiques ».
Dans l’optique de l’imam Khamenei, rapporte Press Tv, l’offre de dialogue de Trump est dénuée de toute sincérité : « Nous ne croyons point que cette offre de dialogue soit sincère. Loin s’en faut. De la part d’un homme comme Trump, la sincérité n’a aucun sens. Et d’ailleurs sont peu nombreux les dirigeants américains qui pourront être qualifiés de sincères. Il y a quelques jours, le président américain s’est entretenu avec vous de l’Iran. Mais aussitôt entré aux États-Unis, il a décrété des sanctions contre le secteur pétrochimique iranien. Alors son offre de dialogue peut-elle être sincère? »
« L’Iran ne reconduira à aucun prix l’amère expérience que fut son dialogue nucléaire avec les États-Unis. C’est notre vécu et il ne se répétera plus jamais. Juste après la signature du PGAC, Obama a été la première partie à avoir violé l’accord. Il nous a aussi envoyé des messagers et demandé à dialoguer avec nous. »
Le message de Trump contenait aussi « des promesses de progrès pour l’Iran » si « le dialogue avec les États-Unis était noué ».
Le Leader de la Révolution islamique y est allé de sa réponse : « Grâce à Dieu et même en dépit des sanctions, l’Iran ira de l’avant sans avoir besoin de l’appui des Américains. »
L’Ayatollah Khamenei s’est par ailleurs félicité de la perspective d’un approfondissement des relations de l’Iran avec le Japon, « pays pivot en Asie » : « Mais l’élargissement de nos liens avec le Japon demande à ce que la partie japonaise fasse preuve de détermination, comme l’ont fait plusieurs autres grands pays. »
Le Leader s’est dit content de voir le Premier ministre japonais reconnaître le penchant des Américains à imposer leurs points de vue aux autres : « C’est réconfortant de vous voir partager notre vision sur ce point. Mais sachez aussi que ce penchant maximaliste ne connaît aucune limite chez les Américains. »